Il a fait l’actualité du rayon bande dessinée avec Chumbo à l’automne : Matthias Lehmann est honoré d’une grande exposition au Musée de Bastia, dans le cadre de la 31e édition des Rencontres de la bande dessinée et de l’illustration.

Sa découverte de la carte à gratter, son retour à l’encre, son amour du dessin de Robert Crumb (son dessin, pas forcément ses histoires), sa passion pour la musique, son talent pour l’observation du réel, son rapport à l’humour et la noirceur… Voici quelques-uns des thèmes développés dans l’exposition de l’oeuvre de Matthias Lehmann, intitulée « Morsure », qui est enrichie de cartels issus d’une interview réalisée par Thierry Groensteen à Angoulême.

Elle s’ouvre sur des images de quartiers imaginaires composées à partir de vrais souvenirs, publiées dans le recueil Agora (6 pieds sous terre), mises en regard avec des dessins réalisées sur une commande du Grand Paris, pour illustrer la future gare de Villejuif. Puis ce sont de grands dessins à la tonalité fantastique, voire gore. Son usage de la carte à gratter, sa création d’environnements et de décors par le retrait de matière, impressionnent.

Une grande salle est consacrée à Chumbo (Casterman), son livre fleuve inspirée de l’histoire de ses aïeux brésiliens, qui déploie une fresque aussi intime qu’historique sur des dizaines d’années. Un pavé dense et fourmillant de séquences puissantes, de jeux sur les logos, de décors vibrant. Deux oeuvres publiées chez Actes Sud, qui l’ont révélé, sont présentées ensuite : Les Larmes d’Ézechiel et surtout La Favorite : l’usage de l’encre, dans un mouvement plus léger que la carte à gratter, révèle un artiste prompt à jouer sur les émotions fortes, entre violence intime, humour macabre et onirisme assumé.

Enfin sont présentées les albums de Matthias Lehmann en collaboration avec Nicolas Moog : True Stories of Nic & Matt (6 pieds sous terre) et La Vengeance de Croc-en-jambe (Fluide Glacial). L’occasion de découvrir une facette plus décalée et humoristique de l’auteur, et son groupe de musique, Raw Death.

Photos © BoDoï