Voici une sélection des meilleures BD jeunesse sorties depuis la rentrée. Pour tous les âges, dans tous les styles, les jeunes lectrices et lecteurs auront de quoi se régaler.

Dès 5 ans

JeanJambe et le mystère des profondeurs

Après deux aventures de Jim Curious (sous l’océan et dans la jungle), Matthias Picard se replonge dans ses expérimentations de BD en 3D avec lunettes rouge et bleu : cette fois, son personnage s’appelle Jean-Jambe, un être filaire qui évolue dans des décors construits à partir de photos en gros plans d’oursins, de cristaux ou de décors de grottes en plâtre…

Et une nouvelle fois, le résultat est saisissant ! Au sein de double-pages riches de détails subtils, on adore se perdre dans des cases aux effets de profondeurs bluffants. Le choix de la photo comme base de décors, rehaussée de dessins pour lui donner vie, est original et pertinent, et offre une dimension inédite à ce voyage minéral. Un régal total.

Par Matthias Picard. Éditions 2024, coll. 4048, 60 p., 21,90 €.

Les Soeurs Même pas peur #1 – La sorcière sous le lit

Pas facile de s’endormir quand on pense avoir… une sorcière sous son lit ! Et c’est encore plus compliqué quand il y a VRAIMENT une sorcière cachée sous les lattes! Mais au lieu d’être terrifiante, l’invitée surprise sera simplement la meilleure copine des deux soeurs coquines, le temps d’une soirée mémorable !

Clément C. Fabre s’inspire directement de ses deux filles pour imaginer cette courte bande dessinée accessible aux plus jeunes, à laquelle les délicates couleurs à l’aquarelle donne une patine chaleureuse. Amusante et rassurante, cette histoire fantastico-humoristique est tout à fait attachante. Vivement qu’on retrouve ces deux frangines pour une nouvelle soirée pyjama !

Par Clément C. Fabre. Bayard jeunesse, coll. Mini BD Kids, 48 p., 10,50 €.

Armelle & Mirko #3 – Vague à l’âme

Suite de la très douce série imaginée par les auteurs de Miss Charity et dessinée par Julien Arnal. Où l’on retrouve la tortue Armelle qui n’a plus peur du noir, entourée d’une belle bande d’amis. Mais quand la catastrophe survient – une terrible inondation, sujet malheureusement d’actualité – un dilemme fracture le groupe : faut-il rester et reconstruire sur des ruines et de la boue, ou aller tenter sa chance ailleurs, vers l’inconnu qui fait forcément peur ?

Les auteurs abordent avec beaucoup de délicatesse les sentiments d’angoisse des plus petits, au sein de scénarios à la fois sobres et denses en émotion. Ici, ils questionnent la peur de déménager, d’affronter la nouveauté et l’imprévisible, alors que son cocon présent est si confortable. Dans un décor sombre évoquant le changement climatique en cours, ce seront à nouveau l’amitié et la solidarité qui gagneront !

Par Anne Montel, Loïc Clément et Julien Arnal. Delcourt, 32 p., 16,50 €.

Le Club des amis #4 – La montagne qui pleure

Le Club des amis est probablement la meilleure série actuelle pour primo lecteurs, et ce quatrième opus le prouve à nouveau. On retrouve le jeune ours Tulipe en train de jouer avec ses amis Crocus le serpent et Violette l’oiselle, quand, horreur, ils découvrent la rivière à sec ! Et les voilà partis sur les trace de ce mystère…

Dans des pages à la sobriété quasi minimaliste, Sophie Guerrive déploie une histoire d’une grande douceur et d’une intelligence rare. Il est ici question de partage et de solidarité, mais sous un angle poil-à-gratter qui amènera les enfants à s’interroger sur les conséquences des choix de tout un chacun sur son environnement. Mais qu’on se rassure, tout se terminera devant une bonne tasse de chocolat chaud !

Par Sophie Guerrive. Éditions 2024, coll. 4048, 68 p., 16 €.

Dès 7 ans

Boubou, toutou partout

Génial ! Revoilà Boubou, le délirant chien de Yoon-Sun Park, l’autrice du Club des chats et de L’Incroyable Mademoiselle Bang! Toujours l’oeil hagard et la langue pendante, le toutou n’est jamais le dernier pour lancer les jeux auxquels se prêtent avec plaisir son jeune maître et ses copains et copines, avides de nouvelles aventures !

Ode au pouvoir sans borne de l’imagination, qui hélas déserte la plupart des humains quand ils deviennent adultes, cette série jeunesse atypique et décalée offrira quelques moments de rires aux éclats, tant son autrice ne recule devant aucune situation improbable. C’est absurde, foutraque et coloré, aussi ravageuse et délicieuse qu’une poignée de bonbons qui piquent enfournée d’un coup.

Par Yoon-Sun Park. Biscoto, 88 p., 16 €.

Anta #1 – Les voix de l’océan

Anta et sa petite soeur viennent de quitter la Belgique pour s’installer au Sénégal, le pays de leur maman. C’est encore les vacances, alors les deux petites filles trouvent rapidement des camarades de jeu. Et s’habituent rapidement aux coutumes locales et à la liberté de jouer dans les rues ou sur la plage. Mais une virée en mer imprévue pourrait tourner au drame…

Rares sont les bandes dessinées jeunesse se déroulant en Afrique, et celle-ci a le chic de ne céder ni à l’exotisme ni au misérabilisme. Certes le dessin est parfois figé et maladroit, et la mise en scène un peu statique, mais l’ambiance générale est intéressante, que ce soit dans la vie quotidienne ou l’aventure fantastique des enfants sur leur barque perdue. Un dépaysement intelligent et accessible aux plus jeunes qui présente le Sénégal en évitant la carte postale, voilà une initiative à saluer.

Par Anaëlle Hermans, Nour Diop et Gaspard Talmasse. Delcourt, 56 p., 11,95 €.

Dès 8 ans

Émilie Kado et le secret des araignées

Avec sa tenue de Robin des bois, la pétillante Émilie brave sa trouille des araignées, mais a bien du mal à ne pas trembler face à son méchant voisin Franck, surtout quand il met son masque de clown maléfique. Heureusement, une gentille mouche va l’aider à surmonter les obstacles !

Plein de trouvailles narratives et graphiques, cet album au doux parfum de citrouille d’Halloween réussit son pari : faire peur mais juste ce qu’il faut ! Courses-poursuites, chasse au trésor et belle histoire d’amitié, Émilie Kado est un régal de bout en bout.

Par Antoine Dodé. Éditions de la Gouttière, 112 p., 17 €.

Noël Bif-bof – une aventure de Millie & Catsou

Après l’étonnant et ébouriffant Ultra Fiesta, Millie et son chat Catsou reviennent pour une nouvelle aventure, mêlant le cherche-et-trouve et le livre dont vous êtes le héros. Avec un thème bientôt de saison : Noël. Classique ? Non ! Car ici, le réveillon semble générer stress et lassitude pour Millie, qui n’est guère à la fête…

Marie Spénale ose prendre le contrepied des habituelles histoires dégoulinantes de cannelle et de bons sentiments des fêtes de fin d’année : non, on n’est pas obligés de se plier à tous les rituels familiaux autour du sapin, et on a le droit de se faire le Noël qu’on a envie de passer, et avec qui on veut le célébrer. Une idée simplement brillante et terriblement nécessaire, au sein d’un album dynamique et souvent très drôle, l’un des meilleurs de l’année pour celles et ceux qui aiment les pas de côté.

Par Marie Spénale. Nathan bande dessinée, 48 p., 12,95 €.

Brume #3 – La source des secrets

Après un deuxième opus qui confirmait les bonnes dispositions de cette nouvelle série jeunesse, mais sans apporter de grandes nouveautés, ce troisième volume pimente la saga en la faisant avancer d’un coup, sans tourner autour du pot, enfin, du chaudron. On retrouve ainsi notre petite sorcière mi-attachante mi-horripilante, qui continue d’enquêter sur son passé…

Design éclatant, blagues faciles mais efficaces, rythme parfaitement adapté aux jeunes lecteurs, Brume a tout dans son chapeau pointu pour séduire largement. Et notamment de chouettes personnages secondaires, mignons et drôles, pour contraster idéalement avec le côté rentre-dedans de l’héroïne. Une saga qui semble avoir trouvé la potion magique !

Par Catherine Hinder et Jérôme Pélissier. Glénat, 72 p., 13 €.

Dès 9 ans

Florimonde et l’affaire Coquillette

Ce n’est pas parce que c’est un collaborateur de BoDoï qui en signe le scénario, qu’il faut ne pas parler cette bonne surprise de l’automne : un vrai polar façon Mégret ou Burma, mais dans une ambiance fruits de mer et aux couleurs flashy, voilà qui détonne ! Et qui séduit franchement.

Porté par une voix off des plus romanesques et rigolardes (les parents se délecteront des clins d’oeil, les enfants des bons mots), l’album met en scène l’enquêtrice Florimonde à la recherche d’une starlette de la chanson disparue. Il est dessiné par l’auteur des Trompettes de la mort, dans de grandes cases à la ligne acérée, dopées d’aplats vifs qui réveilleraient une moule trop cuite. On en redemande !

Par Maxime Gueugneau et Simon Bournel-Bosson. L’Agrume, 64 p., 15 €.

Pas d’lézard #1 – Nueva Lutetia

Les nouvelles collections jeunesse des éditions Oxymore, P’tite Luciole et Luciole, offrent pour l’instant des sorties très inégales. Si la première, destinée aux plus petits, n’est pas vraiment séduisante (repêchons tout de même Crassouille d’Arthur du Coteau), la seconde pour les plus grands n’est pas forcément plus emballante (voir le raté Alfadog). Sauf pour ce début de série au pitch étonnant : dans un futur dystopique, les humains vivent aux côtés des dinosaures…

Tout n’est pas parfait dans ce premier tome, avec quelques problèmes de rythme dans le scénario et un dessin qui ne se tient pas toujours très bien. Mais globalement, on suit avec entrain cette histoire pleine de bonnes idées, qui parle de xénophobie, de complots politiques, de manipulation des foules, à hauteur d’enfants et dans un décor de SF original.

Par Pog et Francesca Carità. Oxymore, coll. Luciole, 72 p., 16,95 €.

Les Enfants Sabletemps #1 – De l’autre côté du manoir

Un manoir aux portes secrètes, des clefs magiques, et du mystère à chaque coin de couloirs : ce début de série, malgré un design un peu trop lisse, comporte suffisamment d’éléments intrigants pour qu’on se laisse emporter. Et même emporter assez loin, car on suit la dégourdie Alexandrine remonter le temps direction le Paris du XIXe siècle, dans l’atelier où Bartholdi fabriquait la Statue de la Liberté !

On passera sur des personnages peu creusés et une mise en place légèrement bancale pour apprécier ce premier tome à sa juste valeur. Car le mystère, et un petit côté assez vertigineux voire effrayant dans cette histoire de fuite dans les couloirs du temps, sont bien présents, et expliquent que nombre d’aspects soient encore peu éclairés lors de ce premier chapitre. À suivre !

Par Alexandre Arlène, Charlie Lau et Alessandra Marsili. Jungle, coll. Frissons, 72 p. 13,95 €.

Hagard, enquêteur de l’Histoire #5 – La grande guerre d’Hagard

Hagard est un petit garçon plein d’envie et d’intérêt pour le monde qui l’entoure, mais il a le chic pour s’endormir au plus mauvais moment… Notamment quand il visite des sites historiques ! Et le voilà alors parti pour un rêve plus vrai que nature : il devient un personnage de l’époque à laquelle il s’intéressait ! Après le paléolithique ou l’ère romaine, voilà Hagard en pleine guerre des tranchées !

Le jeune garçon laisse ainsi son esprit vagabonder alors qu’il visite les vestiges de la bataille de la Somme (le département co-finance cette série mettant en avant son patrimoine). On vit à la fois les événements tragiques des tranchées et la démarche mémorielle actuelle. C’est riche, intéressant et palpitant : quand l’Histoire est ainsi contée, difficile de ne pas se laisser happer.

Par Mathieu Lavallée, Gilles Prilaux, Greg Blondin et Manon. Éditions de la Gouttière, 64 p., 12 €.

Dès 10 ans

Collège apocalypse #1 – L’accident

Une invasion extraterrestre et c’est bien plus que le voyage scolaire qui est chamboulé ! Yann et un petit groupe de collégiens vont se trouver en mode survie, pour se nourrir, rejoindre la ville et leurs parents, et surtout échapper aux flippantes créatures qui se répandent sur Terre…

Les auteurs de la saga Les Géants reviennent avec une fiction haletante, entre SF post-apo et thriller survivaliste, à hauteur d’adolescents. S’ils n’échappent pas à quelques poncifs, ils proposent globalement un premier chapitre solide et haletant, avec son lot d’émotions fortes, le tout sous un design convaincant.

Par Lilian et Paul Drouin. Soleil, 68 p., 12,50 €.

Jane face aux sirènes

Tout juste orpheline, la jeune Jane se voit dépossédée de tous ses biens, car la loi dit qu’une femme ne peut hériter. Il faut donc qu’elle se trouve un mari au plus vite, pour ne pas être sans le sou et sans toit. Mais tout le monde lui fait comprendre qu’avec ses rondeurs et son visage des plus banals, l’affaire n’est pas gagnée. Alors qu’elle tente sa chance avec le beau gosse du village, ce dernier se fait enlever par une sirène…

Autrice des excellents La Vie Hantée d’Anya et Un été d’enfer, Vera Brosgol détourne ici les histoires de sirènes pour mieux interroger le mythe de la beauté et de la jeunesse éternelle, et dénoncer la pression qui s’exerce sur les femmes dès leur plus jeune âge quant à leur apparence. Sous une trame de conte fantastique effrayant, et un dessin efficace, elle développe un propos fort et percutant.

Par Vera Brosgol. Rue de Sèvres, 368 p., 20 €.