L’évolution de la bande dessinée passe-t-elle nécessairement par le numérique ? La question fut soulevée dès la fin des années 90 par l’auteur et essayiste américain Scott McCloud dans un livre au titre éloquent : Réinventer la bande dessinée (Vertige Graphic). À l’époque, il constate que les jeux vidéo sont en train de détrôner les comics dans le cœur des adolescents. Créer, produire et diffuser de la bande dessinée en ligne semble être alors le seul moyen pour le neuvième art de survivre dans un monde avide de nouvelles technologies. Huit ans plus tard la situation de la BD aux États-Unis et en Asie semble lui donner raison : la BD a envahi les écrans d’ordinateurs et des téléphones portables. En France, les éditeurs commencent à s’intéresser à ce nouveau marché. Voilà pourquoi BoDoï #121 consacre un dossier à cette BD du futur.

Zoom sur quelques sites précurseurs.

Foolstrip
Véritable maison d’édition en ligne, Foolstrip publie donc des bandes dessinées sur son site, accessibles gratuitement, et rémunère les auteurs. Les tirages papier et autres produits dérivés (t-shirts) participent au financement de ce beau projet. Comme un éditeur traditionnel, Foolstrip sélectionne les BD qui lui sont soumises et prend en charge la traduction des récits en langue étrangère. Il édite également une revue, Trame 9.

Webcomics
Contrairement à Foolstrip, Webcomics ne sélectionne pas et ne rémunère pas les histoire qu’il publie. À la manière d’un blog ouvert à tous, il fournit des outils simples pour qui voudrait publier en ligne sa BD.

Coconinoworld
Sous-titré « un monde d’images au milieu du web », Coconinoworld propose un accès gratuit à de nombreuses BD ou illustrations, contemporaines ou anciennes, dans une présentation classieuse. À la fois fondation philanthropique, musée et éditeur, le site parie sur le haut-de-gamme et vit en partie du mécénat. À noter que certaines révélations de ces dernières années, comme Vincent Perriot ou Alexandre Clérisse, ont d’abord été publiées sur Coconinoworld avant de signer chez un éditeur traditionnel.

VidéoBD Megalex
Vieille ambition des Humanoïdes Associés, la BD numérique a pris un audacieux départ cette année avec le lancement de la « vidéoBD » Megalex. Téléchargeable gratuitement, sur ordinateur ou lecteur portable de type iPhone, la BD de Fred Beltran et Alexandro Jodorowsky s’anime et se pare de voix et d’effets sonores. Étonnant !

Marvel unlimited comics
Le géant américain Marvel a décidé de valoriser son fonds de comics de super-héros en donnant un accès libre à des milliers d’albums (anciens ou récents), moyennant un abonnement mensuel bon marché (9,99 $). Une alternative de qualité aux comics scannés et diffusés sur les réseaux peer-to-peer.

Zudacomics
Le concurrent de Marvel, DC Comics, mise sur les nouveaux talents. Son site Zudacomics offre aux auteurs la possibilité de soumettre leurs planches selon un format bien défini. Si leur projet est validé par l’équipe du site, il sera publié en ligne. Les internautes sont alors amenés à voter pour leur histoire préférée. Le vainqueur pourra ensuite publier sa BD… sur papier !

Ave!Comics
Adapter la BD pour les supports électroniques nomades, c’est l’ambition d’Aquafadas. Via Ave!Comics, cette société disposera ainsi très bientôt d’un catalogue de bandes dessinées payantes à télécharger sur son ordinateur, son téléphone ou sa console de jeux portable, sur le modèle d’iTunes. La grande innovation : ne pas se contenter de faire du case par case, mais proposer une cinématique de lecture, c’est-à-dire une mise en scène des planches et des bulles, avec zooms et effets sonores par exemple.

Pour en savoir plus, un reportage sur les BD pour mobile.
Et un exemple des possibilités de lecture de BD sur mobile.