Bergen
Maria et Johanna, deux copines de longue date, s’installent ensemble à Bergen, en Norvège, pour leur première année d’université. Les cours, un petit boulot dans un magasin de tissus, les apéros, les garçons, les soirées pizza-télé, les fêtes… La belle vie étudiante ! Sauf que Maria souffre d’une dépression, qui ne fait que s’aggraver alors qu’elle délaisse les cours, ne se lève plus pour son job, boit plus que de raison, couche avec son coloc pour ne pas se sentir seule… Une lente chute vers le fond du trou.
Après un premier album remarqué, Sous le signe du grand chien, qui jetait un regard amer sur la période de l’adolescence et ses mesquineries entre « copines », Anja Dahle Øverbye revient avec une nouvelle bande dessinée d’inspiration autobiographique, mais sur une période postérieure : la sortie de l’adolescence, la découverte de l’autonomie et ce vertige pas facile à gérer de l’émancipation, des choix d’études, de vie (le sujet est proche C’est comme ça que je disparais de Mirion Malle, mais avec une approche bien différente). Maria est une jeune femme intelligente, avenante, ouverte, douce, elle semble avoir tout pour réussir. Mais elle souffre, elle est malade, et ne trouve pas dans les mots et le regard du médecin la clef pour se soigner. Et ne fait qu’avancer lentement vers une noirceur toujours plus forte, accentuée par la culpabilité grandissante de ne pas réussir « à se prendre en main ». Ivresse, automutilation, perte de repères, sexe par défaut… Maria chute, et le dessin au crayon, tout en sensibilité et subtilité d’Anja Dahle Overbye brosse parfaitement ce tableau complexe – ses visages comme des masques et ses silhouettes un peu raides se révèlent très expressifs. Heureusement, l’empathie, la compréhension et la réactivité de la meilleure amie sauvent Maria de la noyade dépressive, et ramènent un peu d’espoir.
Plus maîtrisé dans le rythme, le séquençage et les cadrages que Sous le signe du grand chien, plus abouti dans la réflexion sur des thèmes contemporains forts, ce deuxième roman graphique confirme tout le talent d’une autrice qui sait toucher juste sans tomber dans le larmoyant.
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