Bettica Batenica
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Anna et Bram sont à la recherche de deux individus mystérieusement disparus depuis qu’ils ont eu affaire à l’Institut du Razède. Douce appellation pour ce qui est une secte nichée au creux des montagnes qui prône l’oubli et le lâcher-prise grâce à un procédé qui permettrait de se détacher des traumatismes passés. Les deux agents sont en chemin pour interroger Bettica Batenica, la maîtresse spirituelle des lieux, afin comprendre ce qu’il a bien pu se passer.
Illustratrice et graphiste formée au cinéma d’animation, Romane Granger signe une première bande dessinée aux valeurs chromatiques audacieuse et aux motifs, cadrages et images qui captent immédiatement l’œil et l’esprit. Dès la couverture, sur laquelle se retrouve l’acmé symbolique de tout un récit, l’autrice interpelle par son éclat, sa force d’évocation et son attractivité mystique. Durant 250 pages comprenant principalement une à deux cases (le format des éditions Réalistes est petit), elle explore ses potentialités graphiques dans une conséquente richesse, sans pour autant se surcharger de lignes ou détails parasites.
Construite en deux tableaux, le premier plus classique et descriptif, le second plus métaphorique et fantastique, son histoire avance à pas de loup vers le fond du gouffre dans lequel Bettica a été contrainte d’apprendre la formule magique permettant d’oublier les souvenirs dont on ne veut/peut plus porter en soi. Si celle-ci semble tellement élaborée qu’elle permet à tout un chacun d’extraire l’inutile et le dérangeant pour retrouver la pureté, le subconscient ne semble pas si aisément dupable. Surprenante dans sa rupture de ton, troublante et douloureuse dans sa plongée dans le passé de Bettica, cette bande dessinée se construit comme une boucle… qui nous invite à refeuilleter ce que nous venons de lire pour saisir les allusions auxquelles on n’avait pas forcément fait attention.
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