Vous connaissez Buck Danny ? Laissez tomber, voici Buck (tout court), le premier homme sur Terre. Rien que ça. Frederik Van Den Stock ne perd pas de temps pour installer son histoire. Jugez vous-même : la première page est une illustration de deux oiseaux qui copulent sobrement sous-titrée : « Au commencement… ». Deux pages plus loin, la naissance de l’Humanité est symbolisée par l’image d’un homme qui tombe (littéralement) sur Terre, en 4 000 avant Jésus-Christ. Voici Buck, le premier Homme sur Terre.

Dans cette délirante compilation accélérée de l’évolution de l’Humanité, Buck acquiert rapidement le langage. Prenant conscience de son unicité, l’homme se sent tout puissant et centre du monde. Plus sa solitude l’éprend et sa recherche de déité s’accroit. Puis il découvre le feu et tout part en cacahuète. Il décide de créer ses propres armes et s’apprête à déclencher la bombe atomique. Par chance, une femme passe près de là et il en tombe amoureux. Dans l’impasse, il découvre l’art avec son propre sang et dessine une bite. Il invente l’écriture, l’argent, classe sociale, pouvoir… Rien n’arrêtera l’homme, si ce n’est lui-même.

Fable graphique, satire sociale drôle et radicale, cet ouvrage égratigne bien comme il faut l’image de l’Homme. Le grand format permet de profiter des belles peintures jaunes, rouges et vertes de cette première bande dessinée de l’auteur belge néerlandophone. Son récit absurde et direct qui balaye histoire, science, temporalité et rationalité est peu bavard, très expressif, burlesque. Trop court, un peu facile, nonobstant, Buck – Le premier Homme sur Terre reste une curieuse et réjouissante proposition artistique.

Traduction : Laurent Bayer