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Budapest ou presque

3 avril 2019 |
SERIE
Budapest ou presque
DESSINATEUR(S)
SCENARISTE(S)
EDITEUR(S)
PRIX
28 €
DATE DE SORTIE
14/03/2019
EAN
2378940742
Achat :

L’inspecteur Sigilozy est confronté à plusieurs problèmes de taille. D’abord, un criminel agit dans Budapest et saigne ses victimes, à tel point que la presse a tôt fait de le surnommer « Vampire ». Ensuite, sa hiérarchie du Bureau des Digressions lui met énormément de pression, tout en retenant certaines informations. De plus, ses collègues sont franchement bizarres, à commencer par celui qui réalise des miniatures de scènes de crime, comme autant de maisons de poupées glauques. Enfin, il y a cette jeune femme, coincée dans une vitrine à vanter les mérites de moult biens de consommation, mais qui fait battre plus que de raison de coeur de l’inspecteur. Et puis, il y a des journaux racoleurs, des machines à coudre, des parapluies, des souterrains, un cabaret…

budapest_ou_presque_image1 Dans cette longue enquête (128 pages) publiée dans grand format, l’Argentin Lucas Nine rend de multiples hommages au roman noir, aux grand noms de la BD (McCay, Hergé, Pratt…), à la littérature européenne (Kafka, es-tu là?) et à l’Art Nouveau, dans un maelström graphique virtuose. L’influence de son père, le regretté Carlos Nine, se fait bien sûr sentir, aussi, dans son anthropomorphisme disneyen dévoyé et son goût pour l’absurde, notamment. Sa ligne virevolte puis gratte le papier comme un sillon, trace des horizons impossibles et des courbes vertigineuses, tendant régulièrement vers  l’abstraction, notamment par un jeu de couleurs, de superpositions et de motifs élaborés. Trop parfois aussi. À force de vouloir trop en faire, Lucas Nine étouffe son intrigue et son lecteur, qui doit déjà affronter un texte dense et très long. Ce qui donne souvent l’impression de davantage lire un polar foutraque illustré qu’une bande dessinée… Dommage, car dans les séquences où les dialogues prennent le pas sur la voix off, l’album s’illumine et gagne en légèreté. Une intrigue ramassée et des récitatifs plus concis auraient sans doute permis à l’auteur de mieux s’appuyer sur son univers graphique d’une force rare. Tant pis : pour sa beauté et son originalité, on prendra quand même son billet pour Budapest ou presque, mais en sachant qu’on ne le visitera que par petites séquences, pour s’épargner un possible mal de crâne.

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