Buffy contre les vampires #1
Géniale pépite pop de la télé de la fin des années 90, Buffy contre les vampires était très avance sur son époque, avec son mélange décomplexé de comédie teen et d’horreur aux dialogues ciselés, son girl power et sa geekitude portés en bandoulière en des temps où cela ne se faisait pas encore trop aux heures de grande écoute. Mais elle est aussi un pur produit de son époque dans ce que cela peut avoir de plus repoussoir pour le public ado d’aujourd’hui : une esthétique fatalement datée et des maquillages de monstres qu’on jugeait déjà très cheap en 97. Arrêtée en 2003 et poursuivie de longues années en comics, Buffy n’a plus guère la cote qu’auprès de ceux qui la suivaient à la télé à l’époque. Boom Studios, qui détient la licence, a donc décidé qu’il était temps d’en proposer une version liftée apte à capter un nouveau lectorat, en lui offrant non plus une suite mais un reboot.
Exit les années 90, Buffy fait donc ses premiers pas au lycée de Sunnydale en 2019 et, d’ailleurs, elle a un smartphone. Donc avec ses nouveaux amis Alex et Willow, ils s’échangent des textos. Et sinon ? Eh bien, sortie d’une paire de sneakers plutôt convaincante et d’une garde-robe plus généralement remise au goût du jour, c’est à peu près tout ce qui a changé. Premier détail troublant : Buffy et les autres ont toujours les traits de leurs interprètes originaux, Sarah Michelle Gellar, Alyson Hannigan, etc., pour toujours figés dans leur enveloppe charnelle d’il y a vingt ans.
Pour ce qui est de rafraîchir la licence, on repassera. Rien ou si peu dans les aventures de cette « nouvelle » Tueuse ne l’ancre réellement dans notre époque et il aurait fallu changer radicalement décor et personnages secondaires pour se donner une chance de le faire. Las, pas un visage familier ne manque : Giles, le bibliothécaire, Spike, le bad boy, Angel, le romantique damné… dans une redite totale de ce qui a déjà été exploré en long, en large et en travers en sept saisons à la TV et presque autant en librairie. Prise dans les rets d’un cahier des charges intenable, Jordie Bellaire, surtout connue pour être l’une de des meilleures coloristes de l’industrie, échoue à l’écriture à retrouver la légèreté qui était la marque de fabrique de la série entre les mains de son créateur, Joss Whedon. Bilan du match : Vampires 1, Buffy 0.
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