Castagne
Un braqueur de banques à moumoute, deux frères truands repentis, une bande de jeunes oisifs et rebelles, des restaurateurs louches, un châtelain braconnier, un gras caïd et un politicard véreux… Non, on n’est pas dans un roman noir américain hard-boiled, mais dans un polar rural sentant bon la vieille France pompidolienne !
Surprenant album que ce Castagne, où tous les ressorts du polar noir sont ici convoqués pour mieux être détournés, mais jamais moqués. Non, ce sont les protagonistes qui en prennent pour leur grade, tous d’une bêtise crasse ou paraissant vivre sur une autre planète. Isao Moutte s’en donne d’ailleurs à coeur joie dans le dessin de ces trognes impossibles, tellement loin des figures hollywoodiennes qu’elles n’en sont que plus crédibles. Le scénario, en forme de cavalcade pleine d’obstacles et d’imprévus bizarres, semble d’ailleurs par moments virer au fantastique, tant l’absurde règne en maître ici. On avance donc de surprise en surprise, dans une continuité des séquences approximative, un procédé aussi déstabilisant qu’excitant. Une singulière bonne surprise.
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