« Avoir plus de trente ans, un chat qui parle, des questions métaphysiques et peur du dentiste, ce n’est pas toujours facile, mais c’est la vie… » Le résumé en quatrième de couverture de ce recueil de billets du blog de Clémence Lallemand laissait craindre le pire : une énième clone de Bridget Jones, tentant de faire rire en cumulant anecdotes quotidiennes girly, histoires de mecs à coucher dehors et blagues mal inspirées. L’auteur n’échappe d’ailleurs pas aux classiques exercices de style du journal dessiné autour des premières nuits, de l’épilation et de la surcharge pondérale.

Mais la dessinatrice, qui travaille régulièrement pour la presse jeunesse (Astrapi, Géo Ado) et la presse féminine n’est pas une obsédée du shopping ou une hystéro en talons hauts. Sous les bulles rose layette se cache un humour plus corrosif qu’il n’y paraît, qui contraste – presque trop – avec son trait simple, multicolore et enfantin. Sa chatte Mitsou, sa confidente et sa conscience, son double maléfique, a le sens de la répartie, l’esprit mal placé, surfe sur chatroulette (si vous ne connaissez pas et que vous avez l’âge légal, on vous laisse découvrir par vous-même) et risque de finir au micro-ondes. Malgré tout, comme si notre gamelle n’était pas assez remplie, on reste sur notre faim. Même si au fil de ces tranches de vie pointent la peur de vieillir de l’héroïne, ce sympathique récit du quotidien manque de consistance. En forçant le trait sur le trash, Clémence Lallemand aurait pu se démarquer de ses consoeurs cuculs la praline.