Cet été-là
C’est lors des étés passés dans un endroit familier, qu’on ne revoit qu’une fois par an, qu’on s’aperçoit parfois vraiment du temps qui passe. Rose s’en rend compte, lors de ces énièmes congés dans la maison au bord du lac avec ses parents. là, cette toute jeune adolescente retrouve sa copine de vacances Windy, à peine moins âgée qu’elle mais encore une enfant. Ensemble, et tandis que les adultes tentent de démêler leurs soucis de grandes personnes qui finissent par peser sur toute la famille, elles vont goûter aux frissons des films d’horreur et s’interroger sérieusement sur la question des garçons et du sexe.
Auteures du remarqué Skim, les cousines canadiennes Tamaki offrent une nouvelle plongée dans la période troublée de l’adolescence. Avec un angle intéressant et un sens du réalisme pertinent. En effet, et alors que la plupart des BD sur le sujet parlent des ados qui flippent d’avancer vers l’âge adulte, elles abordent ici le moment juste avant, quand les petites filles décident de tourner le dos aux poupées et au monde des princesses. Le premier pas dans un l’inconnu. Le regard sur les garçons change, les interrogations autour de la sexualité sont désarmantes de naïveté mais surtout personne n’est là pour y répondre. La scénariste Mariko Tamaki joue habilement avec les contre-points au parcours des deux gamines: ces dernières observent ainsi le couple parental déprimant car n’ayant pas réussi à faire un deuxième enfant, et des jeunes adultes immatures qui brisent des coeurs et ne maîtrisent pas les notions de base de la contraception. La question sexuelle est donc au centre du récit, mais traitée toujours avec finesse et une sobriété quasi documentaire. Du coup, les quelques rebondissements nécessaires au dynamisme de cet album de plus de 300 pages paraissent parfois artificiels, et le déluge de sentiments de l’héroïne flirte avec le trop fleur bleue (façon Craig Thompson, l’auteur de Blankets, référence évidente). Mais l’ensemble est d’une belle cohérence, le propos est tenu de bout en bout, et le dessin précis, vivant et d’une belle justesse de Jillian Tamaki achève de convaincre.
Publiez un commentaire