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Chaval et Anna Sommer aux Cahiers dessinés

19 mars 2015 |

Les Cahiers dessinés poursuivent leur impressionnant travail de publication d’ouvrages d’artistes, avec deux belles nouveautés signées Chaval et Anna Sommer.

chaval_couvNé en 1915 à Bordeaux et suicidé en 1968, Chaval publia ses dessins d’humour dans de nombreux journaux dès les années 1950. Ses jeux de mots et traits d’esprit associés à une ligne extrêmement sobre font encore mouche aujourd’hui. Une bonne raison pour l’éditeur Les Cahiers dessinés de publier, après Les Hommes sont des cons, un nouveau recueil de son travail, intitulé Monsieur le chien, je présume ?.

Dans cette anthologie de quelque 200 dessins, on croise des animaux très humains ou très misanthropes, des magistrats ridicules, des photographes dangereux, Louis XIV révoquant Lady de Nantes, un professeur de géographie perdu dans le désert, un Tchèque sans provisions… En quelques coups de crayons et une ligne de texte, il provoque sourire ou hilarité, parfois une perplexité désarmante de poésie. Et on découvre aussi, fasciné, en fin d’ouvrage, des dessins plus lâchés ou expérimentaux, laissant entrevoir un imaginaire facétieux, débordant et mordant. L’ouvrage aurait toutefois mérité quelques notes biographiques et bibliographiques, mais la qualité graphique et le choix des images en font un livre important pour tout amateur d’humour dessiné.

Monsieur le chien, je présume ?
Par Chaval. Les Cahiers dessinés, 19 €, janvier 2015.
Achetez-le sur Amazon.fr

chaval_image

anna_sommer_couvChangement total de cap, d’époque et d’univers avec cette seconde parution de fin janvier : Les Grandes Filles d’Anna Sommer. L’artiste suisse, née en 1968, a déjà publié Amourettes et Tout peut arriver aux Cahiers dessinés, ainsi que Remue-ménage à L’Association. Ici, ce grand volume cartonné donne à voir son travail de papiers découpés. Avec des papiers de couleurs ou à motif, un cutter, une paire de ciseaux et de la colle, elle compose de grandes images au fort pouvoir évocateur. Sa série Les Grandes Filles se déroule comme les pages d’un magazine de mode un peu bizarre, fait de mises en scène oniriques de femmes contemporaines, dans des appartements ou dans la nature, accompagnées d’animaux ou d’objets symboliques. Tantôt glaçantes, tantôt érotiques ou surréalistes, ces images recèlent une puissance rare, notamment par la maîtrise d’une technique le plus souvent réservée à l’édition jeunesse.

Les autres séries (Les Bêtes de salon, Têtes coupées…) ne sont pas moins fortes. On retrouve les mêmes confrontations d’univers – un quotidien morne, mais peuplés d’animaux espiègles, par exemple – et la justesse des regards et des postures, notamment dans ses portraits. L’ensemble propose ainsi une plongée de toute beauté dans un travail artistique poussé et toujours fascinant.

Les Grandes Filles
Par Anna Sommer. Les Cahiers dessinés, 29 €, janvier 2015.
Achetez-le sur Amazon.fr

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