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Chinese Queer

29 décembre 2020 |
SERIE
Chinese Queer
DESSINATEUR(S)
SCENARISTE(S)
EDITEUR(S)
PRIX
24.50 €
DATE DE SORTIE
02/09/2020
EAN
2377314422
Achat :

Tian Fushi est un étudiant à l’esprit bouillonnant. Sans doute un peu trop, puisqu’il ne parvient pas à canaliser son énergie autrement que dans la recherche perpétuelle de nouveaux contacts et d’expériences délirantes. Une fête déjantée, un pari idiot, une émission de télé voyeuriste, une beuverie mémorable, un amant torride… Il faut dire que le milieu étudiant de la ville de Haimen est propice à se perdre, du moins à repousser le moment de se poser la question de la direction à prendre pour avancer. Tian se perd donc, loin de ses parents qui n’imaginent pas une seconde qu’il est gay, loin de son cursus d’art qu’il a définitivement lâché, loin de la réalité par moments, aussi. Mais jusqu’où se perdra-t-il ?

chinese-queer_image1Ne vous fiez pas à son titre aussi bassement informatif que racoleur : si Chinese Queer a bien pour héros un jeune gay en Chine, là n’est pas le sujet. Cette épaisse et touffue (248 pages) bande dessinée est davantage une réflexion sur la perte de sens d’une jeunesse pressurisée par un cadre familial et sociétal prônant la réussite, et opprimée par un régime politique étouffant l’expression personnelle et artistique, sans parler de l’orientation sexuelle et de questions de genre. Tian se dilue dans l’alcool et le sexe, parce qu’il ne trouve rien d’autre qui donne un peu de piment à sa vie, et parce que ces moments puissants – autant dans l’euphorie que dans le malaise qui s’en suit – lui évitent de se projeter trop loin, là où l’avenir est invisible. Et pour mettre image cette idée, l’artiste Seven bâtit une oeuvre à tiroirs qui bouscule le lecteur aussi bien visuellement que narrativement. Comme un journal intime faussement décousu, raconté par son protagoniste à l’esprit d’escalier, bondissant d’anecdotes émues en souvenirs confus, l’album erre de dortoirs enfumés en clubs louches. Quitte à éreinter le lecteur, parfois perdu lui aussi dans des décors somptueux dessinés d’après photo, dans un style ébouriffant, aux textures, motifs, transparences et ambiances lumineuses hyper étudiées – le Wong Kar Waï de Chungking Express et Happy Together n’est pas très loin.

On ressort ainsi de la lecture de Chinese Queer un peu ivre et désorienté, épuisé, mais dans le même temps impressionné par une virtuosité graphique bien réelle, au service d’un sujet fort. Le côté répétitif et les quelques errances scénaristiques s’effacent alors devant une oeuvre très originale au part-pris fort. Une expérience.

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