Chroniques de San Francisco #1
Dans les années 1970, San Francisco possède l’aura d’une cité des libertés : sexuelle, amoureuse, artistique, stupéfiante… C’est là que débarque Mary Ann, rurale pleine de rêves et d’envie, qui va vite s’adapter aux moeurs locales grâce à son entourage, et plus précisément grâce à ses voisins. Car l’immeuble du 28 Barbary Lane, demeure de Mrs Madrigal, est un concentré d’émotions, d’hormones, de désirs et de marijuana, petit théâtre représentant en miniature la vie trépidante des collines californiennes.
Isabelle Bauthian et Sandrine Revel s’attaquent à la série romanesque culte d’Armistead Maupin, soap intelligent et addictif sur les belles années de San Francisco, avant que le sida et la crise ne viennent noircir le tableau. Habilement, la scénariste (La Vie mystérieuse, insolente et héroïque du Dr James Barry, Dragon et poisons…) condense de nombreux passages clés du roman et réussit à conserver son ton tantôt léger, tantôt grave, au travers du portrait des différentes figures qui passent par le fameux immeuble. Des hommes et des femmes qu’on aime suivre, car on les plaint, on les aime, on les repousse, comme autant de personnages réalistes qui nous renvoient à nos propres doutes et espérances. Au dessin, Sandrine Revel (Glenn Gould, Hey Jude!...) fait revivre de belle manière la ville américaine, son architecture, son atmosphère solaire et son exubérance queer, jouant sur un graphisme volontairement carte postale, tout en couleurs vives et textures soignées. Par ses lignes teintées, son découpage rigoureux, ses beaux dégradés et effets de grain, elle fait discrètement un pas de côté par rapport à l’imagerie américaine tout en lui rendant un sincère hommage. Le pari de l’adaptation était osé, le résultat est on ne peut plus séduisant et satisfaisant.
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