Comme si c’était arrivé
Francesco est à la retraite. C’est même son tout premier jour en tant que retraité. Ça devrait être l’homme le plus heureux du monde. Pourtant il n’en est rien. Au contraire, il s’apprête à vivre des moments douloureux, car à peine réveillé, il apprend une triste nouvelle : son amour de jeunesse est décédé. Reviennent alors à lui les souvenirs de ses moments partagés avec elle. Même s’ils étaient furtifs, ils étaient intenses, au point même qu’ils ont continué à le hanter tout au long de sa vie. Et si cette idylle avait duré plus longtemps ? Et s’il avait insisté davantage pour qu’elle cède à ses avances ? Et si cette jeune femme avait finalement été LA femme de sa vie ?
On le sait trop bien, on pourrait tous refaire l’histoire. C’est facile avec le recul. Mais il faut se résigner et accepter le passé tel qu’il est pour continuer à vivre. C’est ce qu’a fait tant bien que mal Francesco durant des décennies. Il avait mis de côté cette relation, sans vraiment la chasser complètement. Alors ce décès soudain le hante, fait resurgir en lui des questionnements doux-amers dans lesquels chacun peut se retrouver à sa manière. Car toute la force de cette œuvre réside finalement dans sa banalité et sa juste retranscription des affects liés au passé, aux souvenirs et aux regrets. Un juste dosage des mots, des allers-retours entre souvenirs et présent équilibrés, une authenticité palpable, il n’en fallait pas beaucoup plus pour se laisser emporter par les émotions suscitées par cette histoire d’amour avortée.
Duo d’auteurs italiens inédits en France Lorenzo Coltellacci et Tamara Tantalo sont deux noms à retenir. Le premier pour son scénario simple, qui pourrait même paraître éculé, et qui pourtant parvient à retranscrire cette histoire palpable et touchante. La seconde pour son ravissant dessin texturé au rendu réaliste et qui se pare simplement de deux tons pour habiller ses planches. La sincérité et la grâce avec lesquels ils parviennent à traiter leur sujet font le reste.
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