Comme une bête (ou comment je suis devenu végétarien)
Richard, un acteur parisien tournant principalement dans des publicités régionales découvre au détour d’un barbecue que sa filleule est végétarienne. Impressionné par son engagement, il se met à penser à devenir végétarien lui aussi. S’ensuit l’énumération de tous les arguments pro-vegan, amenés à travers des discussions quotidiennes avec ses proches, des souvenirs, des rêves et même des « trips ». Richard ne devient pas vegan en un jour, au contraire, c’est un long processus qui le mènera (ou pas) à abandonner ses habitudes et rompre avec la tradition de la gastronomie française.
Le dessin de Taling est fin et nerveux, et son parti-pris coloré lorgne vers le pop voire le psychédélique – c’est même tout à fait explicite dans la séquence présentant le rapport des indiens d’Amérique à la nourriture.
Les ruptures graphiques indiquent ainsi le passage à une autre forme de narration que le quotidien (rêve, trip, réflexion). Ainsi de la très réussie, sur le plan pictural, séquence muette de chasse dans les bois.
Si le sujet du livre est à tout à fait à propos et que les lecteurs qui l’achèteront seront fin prêt à être convaincus, l’album peine tout de même à tenir ses promesses. On s’ennuie un peu dans le quotidien de ce personnage dont chaque scène de vie est censée venir éclairer un peu le chemin du végétarisme. On aimerait apprendre des choses nouvelles, on aimerait être convaincus en tournant la dernière page… Or, on relit des faits connus : les animaux souffrent, l’élevage intensif détruit la planète, il faut changer nos habitudes… Cette bande dessinée manque de poésie ou de conviction pour embarquer le lecteur dans une réflexion profonde et intime capable de le retourner. Ni militante, ni passionnante, elle restitue avec honnêteté le parcours d’un homme. On aurait aimé plus.
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