Lorsque Vivien s’enfonce dans la forêt du royaume de Tête noire, il ne sait pas encore que son serviteur a décidé de le tuer et de laisser son corps disparaitre dans les marécages. Mais ce bois maudit abrite également des sorcières et la blonde Oriane le ramène à la vie d’un baiser de conte de fée, souillé d’un peu de vase. Pourquoi vouloir tuer Vivien, un jeune seigneur sans importance ? Est-ce à cause de l’amulette que son père lui a demandé de remettre au roi Brendam ? Quel est ce terrible destin que lui prédit la mère d’Oriane ?

À force de poser des questions, les premiers tomes perdent souvent en consistance. Ici, l’écueil est évité. Tentatives d’assassinat, envoûtements et scènes d’amour sont autant d’occasions, pour la narration de Dufaux et pour le trait de Tillier, de nous ensorceler. Dufaux, fidèle à l’esprit de sa série, invente un univers d’heroic fantasy à l’ambiance funeste, pétri de légendes sombres. Régis par leur destin, les acteurs de ce drame sont des pantins impuissants, luttant contre des forces supérieures, à l’image des héros de pièces antiques.

Dufaux campe de magnifiques sorcières, belles, fortes et ambiguës, que Béatrice Tillier incarne avec puissance. Ses visages expriment avec talent la folie, l’épouvante ou la langueur. Ses aquarelles sont précises comme des enluminures. Lumineuses, elles traduisent à merveille la lueur diffuse du brouillard humide, les éclats chauds lancés par les cheminées des châteaux, ou les doux rayons du soleil qui caressent un lit d’amour au petit matin.

   

 

   

(Images extraites du compte Instagram de Beatrice Tillier)

Après Rosinski pour le cycle Sioban, et après le regretté Delaby pour le cyle des Chevaliers du pardon, ce nouveau volet des Complaintes des landes perdues, porté par le dessin de Beatrice Tillier, tient déjà ses promesses.