Par Sarah Masson. La Boîte à bulles, 16 €, le 16 juillet 2011.

Emile était restaurateur, plutôt connu puisque sa table figurait dans les guides. Mais il a pris sa retraite, sans se détourner complètement des fourneaux. Il y expérimente tranquillement ses recettes, à base des légumes de son potager et des poissons de la rivière. D’ailleurs, celle-ci serait le domaine d’un brochet géant sur lequel il n’a jamais pu mettre la main. Jamais ?

Illustratrice et co-fondatrice de la maison d’édition La 5e Couche, Sarah Masson s’inspire ici du personnage de son père, pour mettre en scène ce débonnaire cuisinier, qui sait prendre le temps de vivre et de savourer les bonnes choses. Le lecteur est immédiatement en confiance avec lui, dans un univers graphiquement doux et sensoriel, imaginé d’après photos, et composé de grands aplats de couleurs et de motifs, proches du papier découpé. Cette immersion dans un monde à la fois proche et irréel se déroule comme une parenthèse enchantée, un après-midi calme au bord d’une rivière, avec pour seul fond sonore le bruit de l’eau et le bourdonnement des insectes. En cela, ce petit livre est une vrai réussite. Néanmoins, on reste frustré par une trame narrative un poil trop simpliste et une conclusion trop hâtive. On aurait aimé rester plus longtemps dans le jardin d’Emile, et apprendre à mieux le connaître. Une autre fois, peut-être ?

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