Par une froide nuit, Cosmo fuit le centre de réinsertion sociale qui l’héberge. Direction la vie, la vraie, le réel avec tous ses dangers. Car Cosmo, grand lecteur passionné d’astronomie, ne parle pas ou presque, vit dans un monde des idées où il est libre de réfléchir. Sur les planètes, les étoiles, la nature, les coléoptères et l’homme. Confronté à des monstres urbains ou des campagnes hostiles, Cosmo s’ouvrira au monde et voyagera jusqu’au bout de la nuit…

Récit initiatique plongé dans l’obscurité des nuits sans fin, Cosmo donne à voir le périple d’un jeune garçon qu’on ne perçoit qu’à travers ses réflexions, ses tâtonnements et ses actions désespérées : fuyant des chasseurs haineux, sympathisant dans le silence avec Ismael, se déguisant ou admirant Ofélia nue au détour d’une porte, Cosmo observe le réel mais surtout tente de comprendre le fonctionnement des choses. En résulte une sensibilité à fleur de peau tournée vers l’esprit mais fermée, par habitude, au quotidien le plus banal. Héros d’une quête et d’une métamorphose coincées entre la théorie et la pratique, Cosmo, pourtant curieux du monde, finit toujours pas se réfugier chez les êtres qui lui sont le plus familiers : planètes, baleines et cétacés… Pour mieux échapper à une société ensauvagée, peuplée d’êtres tourmentés ou en souffrance, poussières dans l’univers. De Cosmo se dégage ainsi un univers mental original et intéressant, d’où perce aussi la lumière des petites révélations personnelles sur le comment et le pourquoi des choses. Souvent sombre, le visuel s’éclaire des couleurs du réel quand le trait, souple et fluide, saisit l’instant d’une vérité. Voilà un album construit intelligemment et efficace dans son propos. De quoi voyager au gré de pensées éclairées.