Cours Florence
Agathe Arundel d’Esquincourt de la Villarmois est une jeune bachelière qui rêve de faire du théâtre. Dans sa famille très très très fortunée, on fait plutôt médecine ou droit. Écoutant malgré tout son désir, elle s’inscrit aux cours Florence, « au fin fond du 19ème ». C’est pour elle « aussi exotique que chez les Papous ». Et afin de faciliter son intégration dans ce « repaire de gauchistes », elle décide de rester très discrète sur ses finances. Au point de se transformer petit à petit en pauvrette peinant à joindre les deux bouts.En commençant le récit, le lecteur est pris entre plusieurs feux : la curiosité saine d’entrer dans les coulisses du fameux cours Florent, et celle, plus ambivalente, de découvrir le niveau de richesse de l’héroïne. Croquer la vie d’une personne ultra-riche est un pari risqué. Le monde, vu par la jeune Agathe Arundel de machin truc, est caricatural et les valeurs de sa famille laissent pantois.
Cependant, c’est indéniablement un moteur dramatique. Passant d’une attitude un peu méfiante (mais peut-on être AUSSI riche ?), à quelques questionnements (est-ce autobiographique, est-ce imaginaire ?), on finit par se concentrer sur les émotions et les enjeux du personnage. Comment va-t-elle évoluer dans ce nouvel environnement ? A-t-elle vraiment du talent ? Quand personne ne vous encourage à vous surpasser (comme le font ses parents), peut-on réaliser ses rêves ?
Emmanuelle Uzan, la scénariste, met en scène un second personnage intéressant : la meilleure amie d’Agathe, qui cache être la fille d’une star de cinéma. Et encore tout une galerie de protagonistes aux personnalités défaillantes et amusantes. Le dessin très spontané, en noir et blanc, de Pascal Valty sert le récit. Chacun possède son trait comique clairement identifiable (un nez, des lunettes, etc). Les décors sont précisés quand il le faut et le rythme de narration est très bien soutenu.
En conclusion, c’est une bonne surprise. Une BD rafraîchissante qui nous fait passer un excellent moment, tranquillement installés sur nos canapés alors que de jeunes personnages plein de rêves et de passion se font allumer en règle par des professeurs despotiques et un peu perchés. Du rêve à la réalité, on use plus que ses chaussures. C’est de ces années difficiles où on cherche sa place que nous parle le duo Uzan-Valty avec humour et légèreté.
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La scénariste n’est pas très informée, les bourgeois sont souvent près de leurs sous. Médiapart avait fait un reportage sur les familles de la bourgeoisie du Nord de la France, où les employées de maison témoignaient que leur solde de tout compte leur était versé au centime près, sans aucune largesse, après pourtant des années de bons et loyaux services. Un cours gratuit ne peut que les intéresser.
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