Crépuscule Velvet
Le Sea Breeze est une boîte au milieu des bois, un lieu forcément hype. D’autant que la star du moment, la blonde et inaccessible Velvet, est annoncée, prête à rencontrer ses fans. Dont l’amoureux transi Liam, qui se rend là-bas pour l’approcher, en compagnie de deux amis davantage attirés par l’open bar et la possibilité de boire des cocktails avec la haute. Évidemment, rien ne va se passer comme prévu. D’autant qu’une bande de scouts hors de contrôle rôde aux alentours.
Le scénario de cette première longue bande dessinée de la jeune Vittoria Moretta ne s’appuie pas sur une intrigue forte ni sur des rebondissements haletants (étonnants, oui, haletants, non). C’est davantage un album d’ambiance qui se déploie ici, comme le récit d’une soirée étrange qui se déroulerait de jour (bizarre, déjà), et qui s’emballerait à mesure que l’alcool inonderait les veines, que les inhibitions tomberaient, que les gaffes s’enchaîneraient et que les délires mystiques feraient loi. On suit les protagonistes dans leur trajectoire singulière, dont aucune ne réussit vraiment à se joindre à celle des autres. Et le lecteur, entre toutes ces parallèles, fait des petits bonds inconfortables et éreintants, sans trop saisir le but de l’exercice. Et il se trouve qu’il n’y en a pas de clair, au terme d’un long final littéralement flamboyant, catharsis facile d’une histoire sans queue ni tête. Reste un dessin et une mise en scène pleins d’énergie, évoquant un peu le style de Max de Radiguès (directeur de collection ici), qui fait vibrer de belle manière certaines séquences tonitruantes. Crépuscule Velvet se conclut sur la recette d’un cocktail à base de vodka : sans doute aurait-il fallu la donner dès le début, afin de vivre cette curieuse lecture dans un état second et profiter au mieux de son parti-pris sensoriel.
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