Crime et châtiment
Lorsque Rodion Raskolnikov, étudiant désoeuvré de 23 ans, décide de tuer la vieille prêteuse sur gages à qui il vient de confier sa dernière possession, il pense libérer l’humanité d’un réel fardeau, en agissant suivant un principe moral supérieur à la loi des hommes. Mais le jour J, tout ne se déroule pas comme prévu ; il est contraint de tuer la soeur de l’usurière, témoin du meurtre. Pris de remords, et tourmenté par sa conscience, un long calvaire commence…
Bastien Loukia – Erik Satie, Cinq nouvelles en forme de poire – relève le défi de traduire dans une BD de 150 pages, le roman-somme de Dostoïevski. À cette difficulté, précisons que, passé le crime initial autour duquel tourne toute l’intrigue, peu d’actions ponctuent le roman, laissant place aux tourments de l’âme et à la noirceur des personnages. Bastien Loukia arrive à dégager la substantifique moelle du roman, sans essayer de faire mieux que l’auteur russe. L’aquarelle très maitrisée de ce jeune peintre accompagne Rodion dans tous les tréfonds de sa conscience. Si les ruptures chromatiques auraient pu rendre l’ensemble plus attrayant, accordons à l’auteur le fait que, quand c’est noir, c’est noir. Les talents de peintre de Bastien Loukia sont exposés, en particulier dans les portraits, dont celui de son protagoniste central qu’il croque à la manière des autoportraits de Gustave Courbet : naturalistes et expressionnistes. On aime également le traitement de la scène de meurtre, en ombres chinoises, rompant avec le style général de l’ouvrage. Enfin, loin de vouloir verser dans le contemplatif, l’auteur se livre en un découpage habile et dynamique, n’offrant que peu de pleines pages. La densité des personnages secondaires reste cependant faible, ne constituant qu’un fond sur lequel évolue Raskolnikov. Malgré tout, c’est avec brio que ce jeune auteur relève ce pari fou.
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