Par Edmond Baudoin. Centre Pompidou/Dupuis, 22 €, novembre 2012.

Après Pablo ou Egon Schiele, et en attendant le Gauguin de Maximilien Le Roy et Christophe Gaultier, Edmond Baudoin s’est vu confier le soin de raconter, à sa façon, la vie d’un autre peintre : Salvador Dalí. Pour une sortie concomitante à la rétrospective de l’artiste organisée cet hiver par le Centre Georges Pompidou, qui coédite l’album. L’originalité (ou la difficulté) de ce travail de commande est qu’il réclame à la fois une biographie précise et complète du génie espagnol et un regard personnel du dessinateur (en cela, le titre ne ment pas). Pas évident, mais Baudoin s’en sort plus qu’honorablement, d’autant qu’il avoue lui-même ne pas être un grand amoureux de l’oeuvre de Dalí.

Pour ce faire, il se met en scène dialoguant avec une jeune femme autour de la vie mouvementée et riche de Salvador Dalí. De l’influence de ses obsessions de jeunesse, de ses rêves et de ses objets fétiches. De son grand amour avec Gala, de son flair pour développer un art tonitruant et lucratif. Ce procédé narratif permet à Baudoin de prendre une certaine distance avec son sujet, de critiquer même Dalí, d’interroger ses choix et sa carrière, de titiller sa pertinence aujourd’hui. Hélas, il empêche aussi, parfois, le lecteur de complètement s’immerger dans le tourbillon biographique de cet artiste qui a traversé le XXe siècle, surfé sur le surréalisme et quasiment inventé le happening.

Cette limite évidente du dispositif narratif ne doit cependant pas retirer à l’album ses qualités, au premier rang desquelles un graphisme majestueux, rendant parfaitement hommage aux tableaux de Dalí. Voilà donc un ouvrage esthétiquement frappant, qui constituera le prélude idéal à une visite de l’exposition du Centre Pompidou.

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