De la Chevalerie
Difficile de critiquer De la Chevalerie de Juliette Mancini. Difficile de le résumer, de dire si on le recommande ou pas, tellement cet objet est hors du champ habituel de la bande dessinée. L’autrice est jeune, elle sort de l’École des Arts Déco et, si on ne le savait pas, on l’aurait deviné. On aime parce qu’elle assume tous ses choix et parvient à créer un album singulier.
Au fil de 80 pages dessinées au crayon, d’un trait enfantin, sans couleur, ni ombre, ni décor, elle dresse un portrait de la nature humaine en utilisant le contexte du Moyen Âge. Des saynètes convoquent le roi, la reine, le bouffon, le conseiller politique et l’homme d’église. Elles alternent avec des planches de 30 petites cases illustrées et sobrement intitulées d’un mot (la guerre, la mort, le pouvoir sont des mots qui reviennent souvent). Les propos sont pertinents, dénonçant la manipulation de la religion, la domination de l’homme sur la femme, la répétition de la violence. Certaines planches fonctionnent comme de l’illustration, d’autres utilisent les codes narratifs de la BD.
Il est difficile pour vous de vous représenter cet album ? C’est parce qu’il est singulier et que chacun peut se laisser aller à cette expérience de lecture. Si vous aimez être surpris, si vous aimez réfléchir, si vous aimez vous laisser entraîner par un dessin tracé dans une forme de minimalisme et d’urgence… ce livre est fait pour vous. À noter, car c’est a priori fort recommandable, Juliette Mancini a reçu le deuxième prix Jeunes Talents à Angoûleme en 2014 avec les premières planches de cet album.
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