C’en est trop. L’oppression du Governor et du Commandante va trop loin : les paysans doivent travailler sans cesse, sous les coups de fouets et la menace des armes, sans aucun repos ni perspective pour eux et leur famille. Une seule solution pour renverser cette dictature mexicaine : faire revenir les morts et prendre les armes !

Après les réussis Mozart à Paris et surtout Le Peintre hors-la-loi, Frantz Duchazeau lâche les chevaux en même temps que la narration classique et la couleur. Et retrouve ce trait énergique en noir et blanc ainsi que le grain de folie qu’on lui connaissait dans ses albums chez Sarbacane, Les Jumeaux de Conoco Station ou Le Rêve de Meteor Slim. Son scénario comme sa mise en scène semblent partir dans tous les sens, mais c’est pour mieux exacerber, justement, les sens : le son du canon, les appels à la révolution, les lanternes dans des crânes pour la Fête des morts, l’odeur de poudre et de cadavres, tout se mélange dans un maelstrom pas forcément facile à suivre, mais terriblement excitant. Il y a du théâtre de boulevard et du cinéma muet autant que des gravures de José Guadalupe Posada dans cet album tonitruant. Car là où, sur un sujet proche, Pierre Place ravivait avec bonheur le feuilleton horrifique dans Muertos, Frantz Duchazeau joue la comédie noire pour Debout les morts, à juste titre sous-titré « Fantaisie macabre ». C’est très drôle, un peu effrayant, assez amer comme souvent chez l’auteur. Et en cela, c’est tout à fait recommandable, pour Halloween et au-delà.