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Dérive urbaine : retour sur le Prix de la BD alternative 2015 d’Angoulême

2 mars 2015 |

derive_urbaine6_couvChaque année, le festival d’Angoulême récompense une revue par le Prix de la BD alternative, ex-prix Fanzine. Ce prix, le seul réellement international du festival (puisqu’il peut récompenser un titre dans n’importe quelle langue), possède un beau palmarès et a mis en valeur de nombreux fanzines importants : de PLG à DMPP en passant par Le Lézard, Hop !, Jade, les Lettons de Kuš!, les Italiens de Canicola, les Suisses du Drozophile

Cette année c’est le numéro 6 de la revue Dérive Urbaine, éditée par Une autre image, qui a remporté le prestigieux sésame. Peu de numéros pour ce fanzine dirigé par Boris Hurtel (auteur de Prisonnier des amazones) mais une progression constante, logiquement saluée par le jury.

Dans son numéro précédent, Dérive Urbaine nous avait proposé la découverte de Capitalia « principale ville de notre glorieux pays », que des fourbes langues étrangères voulaient salir. À travers une vingtaine de récits, on allait à la rencontre d’une ville complexe, aux quartiers foisonnants entre gestion informatisée, délire végétal, urbanité morne… Un plan sérigraphié complétait cette cartographie artistique.

derive_urbaine6_image1Dans le dernier numéro, le décor est le même mais ce sont les humains et non plus les lieux qui intéressent les auteurs. Chacun d’entre eux a reçu la fiche anthropométrique d’un habitant de Capitalia, habitant souvent marginal et douteux. Les auteurs tracent, à partir de ces fiches, des vies, inventent des relations, et nouent des liens entre chacun. Ils incarnent alors l’autre Capitalia, celle de tous les jours et des sombres rues. derive_urbaine6_image4Cela n’est pas forcément négatif, entre la Roumaine exploitée et l’électricien rêvant à son avenir, il y a un fossé. De la même manière que ce clochard heureux vivant dans son van ou ce grand dadais fossoyeur qui cherche l’amour sont autant de figures attachantes et pas mièvres pour un sou.

Ainsi, d’une géographie imaginaire Dérive urbaine passe à la sociologie imaginaire, laissant chacun des auteurs (souvent commun avec The Hoochie Coochie, structure sœur) tresser de délicats liens. Cette comédie humaine ravit autant qu’elle laisse en suspens, et l’on imagine comment ce concept pourrait encore être décliné. De plus en plus, la revue semble liée au destin de Capitalia, ville de fiction dont, bien évidemment, toute ressemblance avec une capitale existante serait fortuite.

Dérive Urbaine n°6 – Éditions Une autre image, 122 pages, 12€.
Avec Lucie Castel, Boris Hurtel, Gautier Ducatez, Sylvain de la Porte, Alexandre De Moté, Yoann Constantin, Nylso et Marie-Saur, Lisa Lugrin, Guillaume Soulatges, Loïc Verdier, Éric Nosal et Gabriel Dumoulin.

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