Dialogues
Jules César qui s’exprime en verlan, Dieu qui se trompe d’époque en conseillant à Moïse de couper le wifi aux Égyptiens, la Mort qui se reconvertit en chauffeur Uber pour arrondir ses fins de mois… Si tout cela semble farfelu, c’est normal, car le principe de Dialogues, c’est de jouer sur le décalage entre ses protagonistes et les codes et expressions de notre époque.
Au fil des strips, le lecteur croise le chemin d’une galerie de personnages pour le moins éclectiques : on trouve en effet aussi bien de grandes figures telles que Platon ou Jeanne d’Arc, des personnages mythiques comme Moïse ou Zeus, ou bien des archétypes comme celui du soldat ou encore de l’agent secret. La recette est simple, mais elle fonctionne très bien, et ce particulièrement pour les anachronismes. Cet humour absurde, Karibou l’a déjà bien exploité sur son compte Twitter, et s’il a ici la possibilité de s’affranchir des 140 (ou devrait-on dire 280) caractères, les gags restent concis : jamais plus d’une page, et parfois même un seul dessin où le dialogue est construit en une succession de bulles verticales (principe qu’avaient déjà popularisé Ruppert et Mulot).
Ici, le dessin est clairement anecdotique : pas ou très peu de décors et des esquisses de silhouettes sans visage. Sur le point-là, le ressenti est mitigé, car si les figures inexpressives aident souvent à renforcer le comique d’une situation, il est difficile de ne pas grimacer devant les lignes tremblotantes tracées à la tablette graphique ou les aplats qui semblent remplis au pot de peinture. Cette simplicité, certes volontaire, dessert au final plutôt le titre, dont l’aspect général austère ne donne pas forcément envie de s’y plonger.
Il serait néanmoins dommage de s’arrêter à son graphisme minimaliste car Dialogues réussit son pari haut la main : faire rire son lecteur… pour peu que celui-ci soit réceptif au second degré !
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