Die Wergelder #1
« Bizarrement, tu n’as encore jamais dessiné un manga d’action ayant pour héroïne une femme vêtue d’un qipao [robe chinoise fendue NDLR] » Et c’est à la suite d’une beuverie qu’est né le concept même de Die Wergelder, un hommage à la pop culture érotisante du cinéma policier nippon des années 1970… Le souci, c’est que l’auteur ne semble pas avoir dessaoulé depuis.
Par où commencer pour décrire ce véritable accident industriel? On débute déjà par une couverture très laide qui est en fait un zoom sur une illustration originale de l’auteur. On se demande bien qui a pu ressusciter pareille pratique, interdite par accord tacite dans le milieu de l’édition depuis les années 1980.
Vient ensuite le récit. Inutile de vous le résumer… Puisqu’il est totalement incompréhensible ! On y trouve pêle-mêle des mafieux, des tueuses sexy, du gore absurde et sadique, des scènes d’action où on ne sait pas trop qui tape sur qui… Ah, et effectivement, une héroïne très attrayante dans sa robe fendue ! À ce niveau-là, on dirait un restaurant à la réputation désastreuse, mais ayant eu comme seule bonne idée d’engager une superbe serveuse… Chaque chapitre nous engage sur un nouveau récit plus où moins complexe pour nous proposer un puzzle de personnages tous apparemment interconnectés. Le souci, c’est qu’à aucun moment, l’auteur ne nous donne réellement envie de recoller les pièces et l’agacement pointe très vite le bout de son nez. C’est brouillon, décousu, pas agréable à lire, et même la sexyttude des personnages féminins finit de lasser…
Que s’est-il passé ? On ne sait pas vraiment au final, surtout qu’Hiroaki Samura est censé être un expert en narration avec son classique instantané qu’est L’Habitant de L’infini, un récit complexe mais ultra fluide d’une vengeance entre samouraïs et porté par un graphisme exceptionnel. Suivra le très sympathique Born to be on air, avec sa plongée singulière dans le monde des radios indé. Dès lors, Die Wergelder pour cette pointure du manga, c’est comme si Steven Spielberg avait réalisé le pire épisode de Plus belle la vie, ou comme si Alexandre Dumas avait écrit le plus ridicule roman de la collection Arlequin !
Si l’auteur se fait clairement plaisir avec ses scènes d’action sexy – mais dont on ne peut comprendre le caractère brouillon, alors qu’il est un spécialiste –, il nous rappelle aussi qu’il est un adepte du genre torture porn où le sexe et le gore sadique se mélangent gratuitement, pour un résultat qui peut fasciner ou rebuter… Mais qui au moins, ne laisse pas indifférent. C’est aussi pour cela que nous accordons exceptionnellement une seconde étoile à ce manga, par respect pour la carrière de l’auteur…
Ce manga en est à son septième tome au Japon : un succès qui semble incompréhensible tant ce premier volume possède une capacité assez surnaturelle à mettre les nerfs à vif, et pas dans le bon sens du terme. On a bien essayé de laisser le temps apaiser colère et déception : rien n’y a fait.
© by Hiroaki SAMURA / Kôdansha
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