Earthdivers #1
Trousser un revenge movie à l’échelle civilisationnelle, mazette, Stephen Graham Jones n’y va pas avec le dos de la cuillère pour sa toute première BD. Dans Earthdivers, cet écrivain spécialisé dans le thriller met en scène un quatuor de jeunes Amérindiens se fixant pour mission de remonter le temps jusqu’en 1492. Leur idée : exécuter Christophe Colomb et empêcher la colonisation de l’Amérique. Rien que ça !
Tout commence dans le futur, en 2112. Tad, Emily, Sosh et Rein Jaune en ont assez de la situation dans laquelle leur peuple se retrouve : les descendants des Premières Nations sont désormais les seuls habitants d’une Amérique devenue littéralement invivable, écologiquement exsangue au point que le reste de la population s’est exilé sur une autre planète. Les terres initialement spoliées n’auront été restituées qu’une fois qu’elles ne valaient plus rien… La découverte par hasard d’une caverne qui permet de voyager dans le temps, comme dans la série Dark, inspire cette idée d’assassinat à Tad et ses amis. Et comme il est le seul à parler portugais, c’est à lui qu’il reviendra de faire le sale boulot.
Le tort de Graham Jones est de s’imaginer qu’on s’intéresse aux trois autres protagonistes restés à l’arrière. Lui-même n’a pas trop l’air de savoir comment les occuper et multiplie les coups de théâtre poussifs au XXIIe siècle. Ce qui importe ici, c’est évidemment ce qui se trame sur le pont et dans les entrailles de la Pinta. Là, l’auteur touche du doigt les questionnements moraux qu’une telle entreprise soulève. Mais il choisit plutôt la voie de la série B tarabiscotée.
Et après tout pourquoi pas : si Stephen Graham Jones ne peut changer l’Histoire (pour son héros, ça reste à voir, à l’issue de ce premier tome), au moins peut-il se faire plaisir en soldant, même pour de faux et le temps d’une centaine de pages, l’ardoise coloniale sous la forme d’un slasher efficacement mis en scène par Davide Gianfelice (Northlanders). Les embardées gore sont assurément ultra-cathartiques. Et si ça fait du bien, c’est déjà ça de pris.
Publiez un commentaire