Après de nombreux essais infructueux, deux femmes se préparent à accueillir leur bébé, conçu dans une clinique en Crète. Mais alors que leurs espoirs semblent enfin se concrétiser, une fausse couche traumatisante coupe court à leur projet de famille. Se retrouvant seules face au vide laissé par l’enfant qu’elles n’ont pas eu le temps de connaître, le couple doit apprendre à sortir la tête de l’eau, et à redonner du sens à leur vie.

L’histoire d’Écumes est celle de deux femmes qui arrivent à se relever après une épreuve qu’elles pensaient insurmontable, et des couleurs qui reviennent dans leur quotidien, par petites touches, que ce soit le plaisir d’écrire sur un nouveau cahier, les jeux des enfants dans la neige, ou un coucher de soleil sur le rivage crétois. L’auteure jeunesse Ingrid Chabbert (L’Étrange boutique de Miss Potimary) confie ici son histoire personnelle, ce qui est peu surprenant au vu de la pudeur et de la justesse avec lesquelles le sujet est traité.

Le trait spontané et délicat à la fois de Carole Maurel, dont on a déjà pu apprécier le travail dans L’Apocalypse selon Magda et Luisa, ici et là, traduit parfaitement les émotions dont est chargé le récit. La narration est d’ailleurs très visuelle, et passe notamment par une métaphore filée de la barque et de la mer lors de séquences oniriques, et par une colorisation des planches qui reflète l’état d’esprit des personnages. Même si la symbolique n’est pas particulièrement originale, elle ne semble ici à aucun moment trop lourde ou forcée, et apporte indéniablement de la poésie à un scénario qui aurait pu être trop étouffant.

Écumes est une lecture aussi poignante que pleine d’espoir. Et celle-ci résonnera bien au-delà des couples ayant connu la même expérience, puisqu’à travers l’histoire ô combien personnelle de ces deux femmes, c’est celle, universelle, du deuil et de la reconstruction qui est contée.