État de veille ****
Par Davide Reviati. Casterman, 28 €, le 12 janvier 2011.
C’est l’histoire de gamins qui vivent dans un lotissement à côté d’une usine de produits chimiques. C’est l’histoire d’une vie toute tracée pour ces fils d’ouvriers qui n’ont pour seul horizon qu’un égoût à ciel ouvert et la lucarne du poste de télévision. C’est l’histoire banale d’un quotidien morne, de maigres joies quotidiennes et d’un avenir bouché, pollué par les émanations du site de production voisin. Mais c’est aussi un récit plein de rêves…
Ce pavé de Davide Reviati touche par son réalisme poétique. Réaliste car il dépeint, par les yeux d’un enfant qui grandit, la vie d’une communauté de petites gens, condamnées à vivre à côté de l’usine qui causera leur mort (d’un accident du travail, ou d’un cancer plus tard). Poétique car il s’attache avec patience au temps qui s’égrène, car il se penche – comme on rêve ou on se souvient – sur l’intensité des matches de foot disputés au pied des immeubles, sur la beauté éphémère de la première cigarette, sur la tristesse et l’ennui des après-midi pluvieux, sur les petits fantasmes des enfants qui tentent d’embellir les jours qui passent. Devant ces pages au noir et blanc jeté et expressif, on pense à Baudoin, Gipi, Baru. Un héritage fameux mais qui ne pèse pas sur les épaules de Davide Reviati, qui parvient à créer son univers propre au fil de ces 350 pages de petits bonheurs et de sombres destins, vécus dans un demi-sommeil plombé par les espoirs déçus et la résignation.
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