Face-à-face – Jésus/Pilate
Il y a bien longtemps, du côté de Jérusalem, les Romains tentent de maintenir un semblant de paix entre les différentes communautés. Or, Pilate, nouveau gouverneur de Judée envoyé par l’empereur Tibère, ne pensait pas la mission si délicate. Car il lui faut jouer sur les tableaux diplomatique, militaire, et surtout religieux, pour apaiser les populations colonisées et imposer la loi romaine. De plus, le temps est aux prophètes et aux mouvements populaires autour de figures charismatiques. C’est là qu’arrive un certain Jésus de Nazareth, doté dit-on de pouvoirs magiques et d’une aura unique…
On connaît l’histoire, depuis plus de 2000 ans… Mais la présente BD, s’incluant dans une collection voulant dévoiler un autre point de vue sur ces grands duels qui ont marqué l’Histoire, ambitionne de donner une lecture différente à ce récit fondateur. Ici, l’idée est d’être dans la tête de Pilate, bras armé de Rome dans une région éloignée et instable, et investi de la mission de mater toute forme de rébellion. Il se révèle mal conseillé, borné et impulsif, rapidement dépassé par des événements qui n’entrent pas dans sa grille de lecture, surtout quand le surnaturel et des croyances nouvelles se font jour. Et tout s’achève par la fameuse crucifixion… Et au milieu ? Pas grand-chose, ou plutôt si : des textes lourds et interminables, des séquences de palabres à n’en plus finir auxquelles s’ajoutent les voix-off de ce pauvre Pilate en plein burn-out. Où est le face-à-face tant promis ? Il n’a pas lieu, Jésus menant sa propre campagne loin des yeux romains ; elle n’est contée ici que par ceux des espions, via le récit de ses miracles et des moments clés de son parcours. Ou comment choisir une mise en scène la moins dynamique possible… Au final, ce n’est ni la prétendue audace scénaristique ni la mise en lumière de ce pauvre militaire romain qui dominent dans ce one-shot : c’est l’ennui, terrible et constant sur 48 pages. Et ce n’est pas le dessin, rigide et désincarné, de Manuel Garcia (Barbecue marseillais) qui viendra doper l’intérêt. Le chemin de croix, dans cet album, est aussi celui du lecteur.
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