Par Simon Hureau. Warum, 12,20 €, le 20 septembre 2012.

Filandreux est de ces personnes âgées qui, assises sur un banc, passent leurs journées à contempler leurs semblables. Et s’il est de mauvaise humeur, il sera de ceux qui iront faire leurs courses au supermarché aux heures de pointe. Le tout en râlant. Menteur, manipulateur, vicelard, qu’importe, il est intouchable de par son âge.

Ce vieillard qui nous paraît insupportable au début du livre finit par nous faire rire à mesure qu’il égrène ses moqueries et ses monologues. Il n’a peur de rien, Filandreux. Afin de récupérer son banc squatté par un sans abri, il n’hésite pas à convaincre le SDF d’abandonner le peu d’affaires qui lui reste pour s’installer entre deux panneaux de signalisation, en plein trafic automobile, et accéder à « une vie d’extase ascétique et de méditation ».

À travers le regard et les réflexions rageuses de cette Tatie Danielle au masculin, Simon Hureau, auteur de Intrus à l’Étrange, lauréat du « Fauve polar » au festival d’Angoulème en 2012, nous livre une vision cruelle et cynique de notre société. De la solitude, à la pauvreté en passant par l’égoïsme, tout y passe. Si les gags sont inégaux voire répétitifs pour certains, l’auteur fait montre d’un humour noir efficace et d’un second degré très impertinent. Très épuré et sans case, le dessin en noir et blanc rend avec finesse les côtés agressifs et irritants du personnage. Un guide de la mauvaise personne âgée à ne pas mettre entre toutes les vieilles mains.

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