Par Daniel Casanave et Philippe Jacques. Les Rêveurs, 22€, 12 novembre 2009.

A Croisset, près de Rouen, Gustave Flaubert porte péniblement ses 58 printemps. L’auteur de Madame Bovary, Salammbô et L’Education sentimentale est ruiné: la faute à sa nièce adorée, dont l’époux boursicoteur a fait faillite, et qu’il doit renflouer. Homme fier (« Le grade dégrade, les honneurs déshonorent », pense-t-il désormais), il rêve toutefois d’un nouveau chef d’oeuvre: Bouvard et Pécuchet, qu’il voit « large et violent », servant à « traquer la bêtise et les fausses sciences de cette époque infâme »…

Après les très jolis Baudelaire et Verlaine – aussi publiés par Les Rêveurs -, Daniel Casanave s’est adjoint les services du scénariste Philippe Jacques. Les deux hommes livrent un ouvrage fin et délicat, qui évite l’écueil de la biographie appliquée. C’est plutôt un portrait en pointillés qu’ils tracent, évoquant les femmes qui ont séduit Flaubert, son goût pour les voyages ou la souffrance née du mépris de son père. Les derniers moments de l’écrivain sont gracieusement mis en images, via de grandes cases ou de pleines pages montrant le talent de leur auteur. Patrice Larcenet habille le tout de pastels agréables, faisant de ce vagabondage littéraire normand un pur plaisir.

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