Flore et Faune
Doté d’un imaginaire foisonnant, qui le fait dialoguer avec les fleurs ou les cailloux, Scott est harcelé à l’école. Son air lunaire, ses joues trop rondes, ses lunettes trop grosses, ses vêtements étranges et vieillots, tout est prétexte pour les brutes de sa classe pour le violenter. Dans le même temps, il semble s’interroger sur son identité de genre, mal à l’aise dans une masculinité qui lui paraît étrangère et bouleversé quand il se laisse aller à passer des vêtements de fille… Face à une mère absente et peu encline à l’écouter, il décide de fuir dans la forêt, là où la flore et la faune pourront peut-être entendre sa détresse et lui faire une petite place.
C’est un livre à l’histoire singulière et à l’ambiance très étrange que compose ici la Suédoise Emelie Östergren. Par son graphisme aux accents délibérément surannés, dans sa représentation des plantes sauvages ou des animaux des bois, elle plonge le lecteur dans un conte hors du temps et assez malaisant. Un frisson parcourt l’échine du lecteur quand Scott se fait mordre, manipuler, séquestrer par un peuple de fleurs un peu perverses ou par une sorcière-renard qu’on pensait accueillante. Bringuebalé dans la forêt comme dans son moi profond, et au prix de pas mal d’angoisses, Scott finira par se découvrir lui-même, un peu, et pourra choisir la voie qui est la sienne.
Emelie Östergren colle à son personnage et joue avec les figures symboliques des fleurs et du cycle de la vie végétale pour distiller son propos. Sans offrir de distance narrative ni de résolution claire, elle laisse le lecteur chercher la clef pour interpréter cette quête vénéneuse aux penchants surréalistes assumés, aussi entêtante que troublante.
Publiez un commentaire