Folklords #1
Ansel est un jeune homme fantaisiste. Un original. Avec son costard-cravate, il détonne dans son village médiéval-fantastique que ne renierait pas Tolkien, risée de ses voisins humains et elfes en toile de jute. Dans cette Comté que rien ne vient troubler, Ansel rêve d’ailleurs, et, littéralement, de notre monde, hanté par des visions peuplées d’avions et de smartphones. Il en est convaincu, il y a quelque chose qui cloche. Les références littéraires innombrables et les indices semés par un narrateur invisible achèvent de convaincre que ce paysage de conte de fées n’est en effet paisible qu’en apparence. Derrière la rondeur de son trait, le dessinateur Matt Smith excelle à laisser percer l’inquiétude.
Lancé dans une quête pour savoir qui sont les mystérieux Maîtres-Peuples (traduction honnête des plus joliment nommés Folklords en anglais) qui semblent avoir toutes les réponses à ses questions, Ansel va peu à peu voir son horizon s’étendre. Jolie idée que cette carte qui se dévoile un peu plus à chaque chapitre, au fur et à mesure de l’épopée, même si on aurait justement aimé que l’aguerri Matt Kindt (Mind MGMT) au scénario, coupe un peu à travers champs à l’occasion. Histoire d’accélérer la cadence. La mise en place est un peu longuette et quand on réalise que les 140 pages de ce premier tome ne font office que de préambule à la série, on se dit qu’il y avait matière à trancher dans le gras.
Restent que les bases posées sont solides et on fait confiance à Kindt pour bâtir une saga de fantasy littéraire digne des modèles du genre que sont Fables ou The Unwritten. Avec cette particularité d’être davantage taillée pour s’adresser aux plus jeunes, ancrée dans un imaginaire qui leur rappellera Narnia ou La Croisée des Mondes de Philip Pullman et parée d’un message auquel il est difficile de ne pas souscrire : au cœur de Folklords, il y a bien sûr une invitation à la lecture et une ode à la formidable ouverture qu’elle apporte sur le monde. Le nôtre et tous les autres.
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