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Françoise Mouly promeut la BD chez les tout-petits

15 septembre 2010 |

mouly_introIls sont apparus en 2009, sous un format inhabituel. Conçus pour les enfants très jeunes, qui ne maîtrisent pas encore la lecture, les « Toon Books » sont des bandes dessinées bilingues (anglais-français), dont une nouvelle salve vient d’arriver chez les libraires. Françoise Mouly, la fondatrice avec son mari Art Spiegelman du magazine graphique américain Raw et directrice artistique du prestigieux New Yorker, est à l’origine de cette collection craquante et intelligente. Elle s’en explique.

L.10EJDN000670.N001_TOONSstin_Ip001p048_FRQue sont les « Toon Books » ?
Il s’agit de BD classées par niveaux, destinées aux enfants et adaptées à différents âges. Le vocabulaire utilisé y est restreint, pour permettre une première approche de la lecture. Contrairement aux romans, la bande dessinée permet de mimer les expressions, situations, émotions, et cela passionne les bambins. Je me suis entretenue à ce sujet avec un professeur en psychologie qui enseigne aux universités de Stanford et Columbia, le Dr Barbara Tversky. Elle m’a expliqué que, jusqu’à 6-7 ans, la communication était multimodale. L’enfant comprend le sens des phrases, les intonations, les situations, le contexte. Les mots seuls étant difficiles à appréhender, il lui faut un faisceau fourni d’indications.

L.10EJDN000669.N001_TOONSben2_Ip005p040_FRQuelle est la ligne éditoriale de cette collection ?
J’ai choisi les auteurs et les oeuvres selon mes goûts personnels. J’ai par exemple découvert Agnès Rosenstiehl et sa Mimi Cracra lorsque mes gamins étaient petits. Elle est l’un des rares auteurs à faire de la BD pour les très jeunes. Cet exercice n’est pas aisé: il demande un réel sens de l’épure, de la discipline, de la rigueur. Les artistes que j’édite doivent en plus faire preuve de modestie: les livres sont relus par des éducateurs, et parfois modifiés selon leurs indications.

Comment avez-vous imaginé ce concept ?
J’ai eu envie de mettre tout ce que j’aimais – à savoir l’édition, les livres, la bande dessinée – au service des enfants américains [Françoise Mouly est installée aux Etats-Unis depuis de nombreuses années, NDLR]. Lorsque les miens avaient 5 ou 6 ans, je me suis rendu compte de la difficulté que représentait l’apprentissage de la lecture. Il y a beaucoup d’exceptions, très peu de règles. A l’école, ils ânonaient une histoire toute bête pendant des semaines ou des mois, pour se familiariser avec les mots. Mais cela les dégoûtait de la lecture… La BD, par contre, les intéressait beaucoup: il y avait autre chose que des lettres à regarder sur la page.

mouly_3Trouviez-vous votre bonheur en la matière aux États-Unis ?
Non, pas du tout. Les grands classiques – comme les oeuvres de Carl Barks ou de Walt Kelly – ne sont pas réédités. Et la BD jeunesse y est éteinte depuis belle lurette: dans les années 50, elle a été mise à mal par des critiques extrêmes, qui la jugeaient violente et stupide. Du coup, à la fin des années 90, je revenais de France avec des valises pleines d’albums. J’ai passé un temps fou à éplucher des Boule & Bill ou des Schtroumpfs avec ma progéniture, pour lui faire aimer la lecture et les livres.

mouly_5Comment les « Toon Books » sont-ils accueillis aux États-Unis ?
Très bien. La collection est déjà imitée ! Un comble, quand on sait que j’ai passé trois ans, entre 2003 et 2006, à tenter de convaincre tous les éditeurs de la place new-yorkaise de la pertinence du concept. J’ai fini par me lancer toute seule, avec ma propre maison d’édition. En France, Casterman s’est lancé dans l’aventure, en me proposant même une version bilingue français-anglais. Quatre ou cinq nouveautés sortiront chaque année, et des éditions étrangères, en russe, chinois, espagnol et portugais, verront bientôt le jour.

Quels sont vos projets ?
Habituellement, je fais dix mille choses à la fois. Pourtant, je suis la directrice artistique du New Yorker, je publie les meilleurs artistes du monde dans le meilleur magazine du monde. Il est insensé de vouloir faire autre chose que cela ! En ce moment, je suis entièrement focalisée sur l’application pour iPad que nous préparons pour le mois d’octobre.

Propos recueillis par Laurence Le Saux


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bouton_nbd Benny et Penny dans Non c’est non! / Benny and Penny in the Big No-No.
Par Geoffrey Hayes. Casterman, 13€, mai 2010.

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Stinky.
Par Eleanor Davis. Casterman, 13€, mai 2010.
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Mimi Cracra et les quatre saisons / Silly Lilly and the four seasons
Par Agnès Rosenstiehl. Casterman, 13€, mai 2010.

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Commentaires

  1. pascal

    « JE PUBLIE LES MEILLEURS ARTISTES DU MONDE DANS LE MEILLEUR MAGAZINE DU MONDE ».Elle devrait plutôt dire je publie les meilleurs artistes de MON monde dans le meilleur magazine de MON monde.En plus de la tendance certaine de SON monde à l’auto-proclamation,on pourrait conseiller à la dame de quitter un peu les alentours de son nombril pour s’apercevoir que le monde -le vrai-est bien plus riche divers et complexe que ce qu’elle subodore.

    Et il ne faut surtout pas oublier que les critiques extrêmes la censure et autres qui ont étouffé l’évolution et la maturation de la BD sont venues de SON monde.
    Monde tellement persuadé d’être le seul qu’ils se distribuent les articles et les prix entre eux.Pauvre BD…

  2. pascal

    « JE PUBLIE LES MEILLEURS ARTISTES DU MONDE DANS LE MEILLEUR MAGAZINE DU MONDE ».Elle devrait plutôt dire je publie les meilleurs artistes de MON monde dans le meilleur magazine de MON monde.En plus de la tendance certaine de SON monde à l’auto-proclamation,on pourrait conseiller à la dame de quitter un peu les alentours de son nombril pour s’apercevoir que le monde -le vrai-est bien plus riche divers et complexe que ce qu’elle subodore.

    Et il ne faut surtout pas oublier que les critiques extrêmes la censure et autres qui ont étouffé l’évolution et la maturation de la BD sont venues de SON monde.
    Monde tellement persuadé d’être le seul qu’ils se distribuent les articles et les prix entre eux.Pauvre BD…

  3. Kaolas

    Quand on voit que ce qu’elle trouve génial c’est Mimi Cracra cette pauvre femme, on comprend pourquoi le New yorker est devenu un torchon.
    Il faut rappeller que francoise mouly s’est retrouvée à la tête du NYer par piston et relation exclusivement, mais n’en a aucune capacité.

  4. Kaolas

    Quand on voit que ce qu’elle trouve génial c’est Mimi Cracra cette pauvre femme, on comprend pourquoi le New yorker est devenu un torchon.
    Il faut rappeller que francoise mouly s’est retrouvée à la tête du NYer par piston et relation exclusivement, mais n’en a aucune capacité.

  5. « J’ai passé un temps fou à éplucher des Boule & Bill ou des Schtroumpfs avec ma progéniture, pour lui faire aimer la lecture et les livres. » Quelqu’un qui pense qu’on peut faire aimer la lecture aux enfants en leur faisant lire des bandes dessinées ne peut pas être tout à fait mauvais, Messieurs Kaolas et Pascal.

  6. « J’ai passé un temps fou à éplucher des Boule & Bill ou des Schtroumpfs avec ma progéniture, pour lui faire aimer la lecture et les livres. » Quelqu’un qui pense qu’on peut faire aimer la lecture aux enfants en leur faisant lire des bandes dessinées ne peut pas être tout à fait mauvais, Messieurs Kaolas et Pascal.

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