Ginette Kolinka est une survivante des camps d’extermination nazis. Et intervient, depuis des années, dans des établissements scolaires pour raconter son parcours, sa jeunesse, la traque des juifs, son départ pour Auschwitz en 1944. Comment elle a vu son père et son frère partir directement à la mort à son arrivée, sans qu’elle le comprenne à l’époque, où elle était « d’une naïveté confondante ». Quel était son quotidien là-bas, entre brimades, privations, maladies. Puis son retour en France, telle une ombre décharnée. Le journaliste de Radio France Victor Matet l’a suivie lors de son dernier voyage pédagogique à Birkenau, alors qu’elle avait 95 ans (elle en a 98 aujourd’hui), et JD Morvan, Efa et Cesc en ont fait une bande dessinée.

Le choix des auteurs de mettre en scène Ginette Kolinka dans son rôle de passeuse de mémoire aujourd’hui se révèle tout à fait pertinent. Car il permet de ne pas seulement proposer un énième témoignage chronologique de la survie dans les camps, et de marteler l’importance primordiale de transmettre la réalité de l’époque et des atrocités commises. De plus, forts de la personnalité enjouée de cette mamie pas comme les autres, d’un graphisme dynamique et accessible, et du récit de cet ultime voyage scolaire, ils produisent un album tout à fait accessibles aux collégiens. Un livre qui ne se noie pas sous les détails historiques ou politiques, mais fait vivre, avec un juste degré d’émotion, une voix qu’on ne doit jamais oublier.