Par Dupuy-Berberian. Fluide Glacial, 11,95 €, le 21 octobre 2009.

S’il on avait été un peu déçu par la gentille, et souvent facile, moquerie des bobos parisiens dans Bienvenue à Boboland, ce deuxième volume centré sur la mondialisation et la crise est bien plus réussi. Si les travers des consommateurs bio et des touristes équitables sont à nouveau pointés du doigt, c’est bien dans le portrait acide d’un monde globalisé qui marche sur la tête que le duo Dupuy-Berberian fait preuve de tout son talent. Dans des gags courts mais feuilletonnants, il égratigne les élites, grands patrons, ministres et conseillers de l’ombre, avec une justesse effrayante.

Dégradation de l’environnement, détournement de l’argent public, hyper-consommation, exploitation des enfants, cynisme institutionnalisé, droit du travail dévoyé, le tableau brossé par les créateurs de Monsieur Jean fait frémir. Surtout parce que sous la satire, il est tristement réaliste. Comme ce canard en plastique, vendu par la fondation-bonne-conscience d’un groupe pétrolier, pour lutter contre la pollution des océans, et qui finit jeté à la mer après avoir enrichi bon nombre de nantis… Avec sa mise en scène dynamique, ses dessins fluides et ses couleurs superbes, Global Boboland parvient à dire beaucoup de choses sur notre monde en un minimum de cases. Et s’achève sur une note d’amertume, rejoignant ainsi l’état d’esprit du lecteur qui, s’il a souvent rit au fil de ces 56 pages, ne peut s’empêcher d’être inquiet quant à l’avenir de la société humaine.

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