Green Class #1
En sortant de la jungle de Louisiane, après deux semaines d’une éreintante classe verte, une bande d’ados canadiens s’attendaient à retrouver enfin la civilisation. Poulet frit, soda et réseaux sociaux. Mais tout est déserté, comme abandonné dans l’urgence, alors que des hélicoptères de l’armée passent sans cesse au dessus de leurs têtes. Ils comprennent très vite: une épidémie est en cours, un virus inconnu transforme les victimes en créatures verdâtres. Et la zone va être confinée. Que faire alors qu’un de leurs copains est touché par la maladie ? Rester et tenter de le sauver ? Ou fuir tant qu’il est encore temps ?
Le scénariste Jérôme Hamon (Nils, Dreams Factory…) opte ici pour un schéma classique de fiction « young adult » post-apocalyptique à la mode: un monde en crise, un groupe d’ados tentant de survivre, un thriller écolo-fantastique à la sauce zombie. On n’est pas dépaysé car l’album emprunte des sentiers fort bien balisés. Le vrai bon point est dans le portrait fait de ces gamins à problème. Bien sûr, ils vont se découvrir une certaine part d’héroïsme, mais ils sont surtout assez horripilants car il changent d’avis en permanence, se jalousent, se trahissent avant de se câliner, s’envoient des bordées d’insultes avant de se sauver la vie. Des relations en forme de montagnes russes qui rythment le récit dense de ce premier tome, et qui donnent une certaine crédibilité psychologique à un début de série qui ne s’embarrasse justement pas de crédibilité globale. On regrette quelques dialogues poussifs et des choix de termes peu adéquats – des Canadiens en Louisiane qui disent « wesh », c’est à tout le moins surprenant – mais l’ensemble tient debout. Au sein d’un volume à l’édition classieuse pour un prix restreint, le dessin de David Tako (venu du jeu vidéo et de l’animation) se montre détaillé et soigné, malgré un certain abus de lignes de vitesse façon manga. Il tente de faire un pont entre la BD européenne mainstream et des influences japonaises et américaines à même de séduire le jeune public. Ce pari-là semble être le plus audacieux, mais il mérite d’être tenté.
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