Heartful Company est métronomique. Les cases se répètent et les planches s’opposent, se répondent, zooment et dézooment, tel le disque rayé d’une techno extra-terrestre. Ici repose pourtant la partition des excès de l’humanité.

Satire grand format d’un capitalisme effréné, le doux nom “Heartful Company” cache une usine d’armes sans aucun scrupule, exploitant une main d’œuvre de sans-abris qui fabrique des ogives à partir de matériaux volés. Enfin ça, c’était avant. Avant que son PDG vomisse l’hémoglobine et que tombe le diagnostic: un cancer de l’âme. Pour se racheter, il doit compenser ses atrocités par dix fois plus de bonnes actions. Mais c’est quoi, au juste, une bonne action ? LA question ultime, celle sur laquelle s’acharneront Man Gataro et Pierre Taki dans ces 200 pages en roues libres, boueuses, sanguinaires. Où se croiseront amicalement génocides, ours karatékas et couches-culottes vivantes. Bienvenue dans un ascenseur détraqué qui monte trop haut, trop vite, trop loin, qui ne s’arrête jamais et nous broie le cerveau. Non, décidément, nous n’avions rien lu de comparable à ce milkshake de fluides disgracieux. Et si le froid extrême nous brûle, Heartful Company luit d’un noir si profond qu’il en devient multicolore. Le chaos in the sky, with diamonds.

© GYAKUSATSU!!! HEARTFUL COMPANY © Man★Gataro 2011 © Pierre Taki 2011