Par Frédéric Vervisch et Thierry Lamy. Sandawe, 13,50 €, mars 2012.

Le Far-West tel que vous ne l’avez jamais vu. C’est ce que propose ce premier tome de Hell West, album co-financé par des internautes-investisseurs (selon le principe de base de l’éditeur Sandawe), qui nous emmène dans un territoire sauvage américain peuplé de créatures magiques, d’animaux fantastiques, d’Indiens hallucinés, de mercenaires barbus, de généraux débiles, de religieux dévoyés… Un enfer, véritablement.

Étonnant premier tome que ce western fantastique, qui revisite le genre en y injectant une large part de fantaisie sombre (des créatures surnaturelles vivent aux côtés des humains) et une bonne dose d’humour potache (dans le registre calembours et grosses vannes). Ce mélange des genres est parfois tout à fait pertinent, parfois carrément énervant. Car les changements d’ambiance incessants finissent par lasser, et les blagues un peu grasses détonnent de trop par rapport à la noirceur générale. Et il y a ce pénible systématisme dans la construction narrative, qui interrompt les scènes à leur climax, pour partir vers un autre théâtre d’action et laisser le lecteur haletant – mais au bout de trois-quatre fois, on n’halète plus beaucoup. On se raccroche alors au dessin, un beau noir et blanc qui, quand il ne se fait pas trop schématique ou caricatural, propose de belles compositions expressionnistes, où la lumière vient joliment lécher les ombres des personnages. Un premier tome inégal donc, mais pas désagréable.

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