Homeland Directive
Un suspense à la 24 h, un complot d’État digne de MI:5, un background scientifique crédible évoquant Regenesis : avec son titre presque similaire à une série télé actuelle, Homeland Directive a réussi à intégrer tout ce qui se fait de meilleur sur le petit écran. Avec évidemment une idée de scénario bigrement originale et un graphisme détonnant, qui portent l’album au-delà de la simple resucée de succès cathodiques. On ne va d’ailleurs pas révéler ici l’idée vertigineuse qui est au coeur de l’histoire. Sachez simplement que les États-Unis sont menacés par une épidémie (une sorte de pneumonie ultra rapide et mortelle), initiée par le patron de la sécurité intérieure du pays, et qu’une chercheuse en biologie est sauvée des griffes de ce dernier par une bande de haut fonctionnaires têtes brûlées…
Après un polar de SF convaincant (Clones, The Surrogates en VO, lire notre interview des auteurs ici), Robert Venditti joue à la politique-fiction avec malice et talent. Parfaitement rythmé et séquencé, son scénario distille les informations au compte-gouttes, joue de l’ellipse et de la multiplication des personnages pour embrouiller le lecteur, mais juste ce qu’il faut pour qu’il ne perde jamais le fil. Et qu’il soit récompensé de manière régulière par un flot d’explications concises… et flippantes. Car c’est bien la thèse au coeur du récit qui fascine et fait de ce one-shot un livre qu’on ne peut plus lâcher. Et il y a aussi le dessin coup-de-poing de Mike Huddleston. Moins foutraque et bling-bling que dans Butcher Baker, il propose néanmoins un traitement visuel survolté, changeant de style et de technique à chaque séquence, entre lavis charbonneux, trames à gogo, peintures numériques palpables, aplats flashy, motifs complexes… Des textures et fonds riches, toujours au service d’un trait sobre et énergique: cela risque de faire mal aux yeux des amateurs de ligne claire ou de BD réalistes, mais ceux qui cherchent un parti pris graphique plus marqué risquent fort d’être éblouis. Ensemble, Venditti et Huddleston produisent un comics de haute tenue, haletant et puissant, qui devrait s’imposer comme l’un des thrillers incontournables de l’été (et de l’année).
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Mike Huddleston est fort talentueux, mais il n’a pas francisé son nom malgré sa présence en France 😀 (coquille dans l’article).
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Dommage que le livre se conclut un peu rapidement et facilement. La dernière discussion entre le patron de la sécurité intérieure et le président est quand même un peu simpliste et bâclée à mon sens.
Le reste est bon par ailleurs.
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