Hubert
Hubert est un vieux garçon, traînant sa grande et lourde carcasse dans les musées de peinture de Bruxelles et parfois Paris, puis la ramenant dans son petit appartement, où l’attend son matériel. Toiles, pinceaux et tubes de peinture, avec lesquels il s’échine à reproduire des tableaux classiques qui l’ont frappé. Ou plutôt des femmes de ces tableaux. Et parfois, il lui arrive d’observer fugacement la voisine d’en face arroser ses fleurs.
Premier album d’un jeune dessinateur flamand, issu de son travail de fin d’études à l’Institut Saint-Luc de Bruxelles, Hubert est un petit bijou de récit graphique en mode mineur. Tout ici est lent, posé, propice à l’observation la plus fine. Cadrages précis et répétés, rythme étudié, dialogues rares et signifiants, rien n’est laissé au hasard dans cette chronique du morne quotidien d’un homme en quête d’un idéal féminin inatteignable, une beauté picturale fantasmée. Avec une précision presque maniaque dans la composition, le trait et le jeu de couleurs et textures (on pense parfois à Winsor McCay), Ben Gijsmans raconte l’ennui et la solitude avec douceur et empathie. Et surtout une belle sensibilité graphique. Un auteur à suivre de très près.
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