Hyper prison industrial
Dans une Amérique d’un futur proche, une grande partie de la population est enfermée dans une méga prison. Un monde en soi, mystérieux et déliquescent. Le président, en campagne pour sa réélection, décide de visiter cet établissement, qui développe des conditions de détention aussi étranges que novatrices. Sa virée électoraliste va devenir une expérience mystique et brutale.
Critique hallucinée de la dérive sécuritaire et médiatique des États-Unis, Hyper prison industrial n’est pas d’un accès facile. Le scénario du jeune Finlandais Ville Kallio adopte la forme d’un voyage aussi mental qu’organique, dans lequel son principal acteur arpente couloirs et escaliers, traverse portes et puits, son esprit et son corps mutant à chaque étape. Vision dystopique de notre monde occidental contemporain ? Détournement délirant et âpre autour d’une figure narrative imposée (la prison)? Un peu de tout cela, sans doute, dans ces pages aux couleurs volontairement criardes, qui explosent à la face des protagonistes et du lecteur sans crier gare, instillant un malaise permanent. Tout n’est que formes et fluides dans cette bande dessinée confinant parfois à l’abstrait, sans jamais renier son parti-pris narratif. Une oeuvre peut-être pas tout à fait aboutie, mais résolument forte, dans l’esprit de découverte des talents du monde entier prôné depuis des années par The Hoochie Coochie – qui offre en prime une belle couverture sérigraphiée. Intrigant, c’est certain.
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