Ils iront au jazz ***
Par Ben. Hécatombe, 13 €, juin 2010.
Un trompettiste sans le sou boit pour oublier, pour divaguer, pour s’éloigner des idées noires qui lui polluent l’esprit. Dans une ruelle, sous un carton, il rencontre une chanteuse de jazz noire, à la jambe de bois et à la voix vibrante d’émotion. C’est le coup de foudre. Mais cette idylle placée sous le signe de la musique n’est pas faite pour plaire au citoyen lambda…
C’est un conte romantique et tragique que compose ici le Suisse Ben Marchesini, dans un trait limpide en noir et blanc, qui ne manque pas d’évoquer le travail du dessinateur norvégien Jason. D’ailleurs, comme lui, l’auteur privilégie les séquences muettes, ne faisant intervenir sons et dialogues qu’avec parcimonie, et toujours dans des moments-clés de sa dramaturgie : violences verbales ou physiques, rires, musique évidemment. Son histoire d’amour oscille ainsi entre des moments touchants de complicité et des scènes dérangeantes, dans lesquelles le jeune couple est pointé du doigt par une société policée et névrosée. La représentation de cette opposition entre modes de vie semble parfois un peu naïve ou du moins caricaturale, notamment dans les séquences finales. Mais le soin apporté au récit et la sincérité du propos l’emportent sur ce petit défaut, et font de ce joli volume une bonne surprise issue de la scène BD helvète.
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