In Waves
Kristen est le premier amour d’AJ. Leur relation est aussi belle et puissante que la fin en est cruelle. Les deux adolescents sont ensemble depuis seulement quelques semaines qu’on diagnostique un cancer à Kristen.
Dix ans plus tard, la jeune femme décède, laissant AJ dans un état de profonde tristesse, avec comme seul moyen de surmonter le deuil, le surf, auquel Kristen l’a initié quelques années plus tôt. Cette discipline est le fil rouge de ce récit, lui-même mélange de deux histoires: la relation amoureuse et fusionnelle des deux adolescents et la vie de Tom Blake et Duke Kahanamoku, deux figures historiques du surf, devenus amis.
Pépite de cette rentrée BD, In Waves peut être traduit en « par vagues ». Par vagues, car la maladie de Kristen fait des va-et-vient toujours plus forts, entrecoupés de périodes de rémission. Par vagues, car c’est aussi de cette manière qu’AJ vit son deuil: des fois submergés par le chagrin, des fois maîtrisant le flot de tristesse.
Le découpage même de ce roman graphique rappelle les mouvements de la mer. L’auteur manie avec brio les aller-retour entre l’histoire du surf depuis les années 1800 et les séquences de sa propre vie, de 2005 à 2017. Tout en suggestion, l’auteur y dévoile, de façon pudique, son amour et son admiration pour sa compagne. Ils sont fusionnels, mais on n’y trouve pas de scène de sexe. Elle souffre d’un cancer, mais la douleur n’est pas exposée.
AJ Dungo raconte également comment le surf a transformé Hawaï, puis comment Duke et Tom ont révolutionné et popularisé cette discipline, jusqu’à en faire un art de vivre dans le monde entier. Un sport qui apaise les âmes.
Délicat dans son propos, AJ Dungo l’est aussi dans son parti-pris graphique. Le trait est simple et les aplats de couleurs suffisent à raconter l’essentiel. Le sépia, et son côté vintage, est associé à la vie de Tom et de Duke ; le bleu, symbole de la mer et de la tristesse, accompagne AJ et Kristen.
De bout en bout, l’auteur maîtrise son sujet. Un résultat impressionnant et émouvant, d’autant plus qu’il s’agit de son premier livre. Cette histoire aurait d’ailleurs pu ne jamais voir le jour : le projet initial commandé par son éditeur, Nobrow, était un recueil historique et illustré sur les grands noms du surf. C’est en discutant avec l’auteur, alors en plein deuil, que l’éditeur, bouleversé, lui a demandé de donner une dimension plus personnelle.
H.C.
Publiez un commentaire