A Angoulême, on apprend plein de choses, on croise des gens amusants, on entend des histoires croustillantes et on admire de beaux dessins. Récit d’une journée type dans un festival ensoleillé.

Cette journée a commencé par une visite au lieu évidemment incontournable de l’endroit, le fameux hôtel Mercure. Fameux non par le charme de ses moulures et de son faux marbre, mais bien parce que c’est un des seuls endroits de la ville à disposer de salons de réception, de petites salles de conférences et tout et tout. Direction donc le Mercure pour assister au traditionnel rendez-vous des éditions Delcourt, évoquant le bilan de l’année écoulée et les projets pour celle qui vient de démarrer.

Un peu moins d’auto-satisfaction qu’en janvier dernier, puisque l’année 2010 a été dure pour tout le monde, Delcourt y compris. Mais qui continue à se flatter de ses 9% de parts de marché, le plaçant en troisième position derrière Glénat et Dargaud, et devant Dupuis. Guy Delcourt a profité de cette matinée pour dévoiler quelques projets pour 2011, qui marque les 25 ans de sa maison. Une expo au centre belge de la bande dessinée dès le mois prochain, un autre à l’automne en Suisse, des nouveautés de grandes séries comme Sillage ou Le Chant des Stryges qui sortiront dans une version grand format au tirage limité en fin d’année. Et la réédition de titres phares du catalogue, dans une belle version un peu luxe (le Donjon Monsters de Bézian, Trois ombres de Pedrosa, Ile Bourbon 1730 d’Appollo et Lewis Trondheim, From Hell…).

L’année sera aussi marquée par quelques projets alléchants, dont le 3 secondes de Marc-Antoine Mathieu, qui se déclinera en beau livre papier et surtout en version numérique qui promet bien des surprises. On pourra aussi lire un nouveau Fred Bernard tout en couleur et un album cosigné par Pénélope Bagieu (au dessin) et Boulet au scénario. 2011 verra aussi le retour de Donjon, avec la parution simultanée de deux tomes signés des créateurs de la série, Joann Sfar et Lewis Trondheim. Deux tomes en guise de conclusion, pour conter la fin de l’histoire, mais qui n’empêcheront pas, à l’avenir, d’autres volumes de paraître pour combler les trous. Enfin, cette année sera aussi celle du retour de deux grandes séries: Horologiom et Aquablue.

Sorti de chez Delcourt avec une belle besace à l’effigie de la maison et de son quart de siècle, et une fois avalé une épatante formule jambon/fromage-cookie-Cristalline pour moins de 4 €, direction les expos du bas de la ville (Baru and co). Quand, c’est le drame, j’apprends que le site BoDoï a planté et que personne ne peut lire ma formidable visite de l’expo Troy. Mais ça attendra, un petit détour chez la nouvelle BD belge francophone s’impose, puisque me voilà devant l’espace Franquin.

Mais une après-midi d’expo, c’est bien, laisser traîner ses yeux et ses oreilles, c’est chouette aussi. C’est ainsi que je vois une sympathique équipe de No Life TV à la recherche d’une valise oubliée dans le train, Christophe Blain qui arrive de la gare pendu au téléphone (et qui voyage bien léger, vu la taille de son sac), un animateur de l’expo Troy déguisé en Lanfeust qui prend une pause-clope bien méritée dans les courants d’air de la cour de l’hôtel de ville, et monsieur l’ambassadeur des Etats-Unis devant l’expo Snoopy (en regardant bien, on aperçoit son visage au milieu de la cohue, sur la photo à gauche), entouré d’une petite foule de journalistes et d’officiels (excités), de policiers (tranquilles) et de collégiens (blasés). Et oui, c’est aussi ça Angoulême.

Sinon, Les Chrono Kids #3, de Zep, Stan et Vince (Glénat) ont obtenu le Fauve Jeunesse 2011. Voilou.

Benjamin Roure

Photos © BoDoï.