Je ne te connais pas
Un mois après la rupture avec sa copine, une jeune auteure italienne se sent pousser des ailes. Via son smartphone. « L’idée d’approcher des hommes grâce à une appli, après cinq ans de relation avec une femme, m’intriguait », explique-t-elle. Elle va alors rencontrer des types au profil variable, amants plus ou moins attentifs, amis plus ou moins sincères. Jusqu’à trouver le bon ? Pas sûr. Car se faire draguer sur le net et choper un type après avoir chatter avec lui a quelque chose d’excitant que la vie de couple ne pallie pas toujours.
Raconté comme un journal, cet exercice d’introspection – dont on ne sait pas s’il est autobiographique – est mené avec un sérieux à toute épreuve : si la narratrice raconte avec pas mal de détails ses nuits avec des hommes, son récit n’est jamais érotique, car toujours intellectualisé. Elle collectionne ainsi les amants, se satisfait parfois, en demande souvent davantage, en perpétuelle recherche d’une réponse. D’une réponse à la question de la nature profonde d’une relation sexuelle : simple plaisir fugace et nécessaire ou démonstration physique d’un amour potentiellement sincère ? D’une réponse à qui elle est vraiment, sur le plan affectif et sentimental. La démarche est intéressante et le résultat – un roman graphique de 200 pages – cohérent, avec un dessin réaliste tout en sobriété, trouvant le bon équilibre entre corps et mots, juste rehaussé de rose. Toutefois, trop autocentré, le récit se fait parfois redondant voire ennuyeux. En se dévoilant ainsi, l’alter ego de Cristina Portolano livre un témoignage qui a la valeur d’une expérience et d’un point de vue personnels, mais strictement personnels. Auxquels l’émotion manque trop souvent. Un peu plus de distance – de fiction ? – aurait pu être la bienvenue pour que l’on « match » totalement.
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