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Jenny à la recherche du Prince charmant

25 septembre 2009 |

mathilde_intro.jpgIls sont mariés, jeunes parents et aiment travailler ensemble. Après Pink Diary, les souriants trentenaires français Jenny et Alexis Coridun libèrent leur énergie positive dans Mathilde, l’histoire légère et colorée d’une jeune femme en plein doute. Côté boulot, ce n’est pas génial: leur héroïne rêve de devenir écrivain, mais est contrainte de travailler comme caissière dans un supermarché. Côté coeur, on a vu mieux: son copain depuis le lycée est un fils à papa qui a du mal à s’engager. Côté forme physique, il conviendrait mieux d’affecter le budget Nutella à un abonnement à la salle de gym. Mais pas de panique: Mathilde n’est pas le récit déprimant d’une citadine en mal de motivation. C’est une comédie romantique acidulée et réaliste, dont les auteurs ont bien voulu nous livrer les secrets.

mathilde_diplome.jpgAprès une série de mangas à succès, vous vous lancez dans une série grand format, en 48 pages couleurs. Pourquoi ce grand écart ?
Jenny : Pour changer justement ! Quand j’ai commencé Pink Diary, je n’avais envie que de manga, je ne me voyais pas faire autre chose. Ensuite, j’ai travaillé dessus sans relâche pendant trois ans et demi. J’avais donc besoin de changer d’air. Et le défi que représentait une série de format franco-belge était tentant. Pour cela, j’ai dû me mettre à la couleur, quelque chose de complètement nouveau pour moi. Et ça me plaît énormément.

Pourquoi avoir délaissé vos héros ados au profit d’une jeune adulte en plein doute ?
J. : Toujours à cause ce désir de changement. Je voulais aussi une histoire plus légère, où on rigole un peu. Mais je n’avais plus envie de concevoir et porter un scénario toute seule, alors j’ai demandé à Alexis de m’écrire une intrigue plus adulte.
Alexis Coridun : Un matin, au petit déjeuner, Jenny a évoqué l’idée d’une héroïne parisienne d’environ 25 ans. Elle avait une idée du ton qu’elle voulait pour sa BD – léger donc – mais c’était tout. Comme nous sommes mariés et que nous travaillons ensemble, je savais instinctivement quel type d’histoire elle désirait. Les grandes lignes du scénario sont donc venues assez rapidement.

L’ambiance et le ton évoquent un peu les séries télé actuelles, comme Clara Sheller
A.C. : Nous ne nous sommes pas inspirés directement de films ou de séries, même si nous en regardons souvent. Je suis moi-même très fan de Desperate Housewives. L’une des qualités de Clara Sheller, dans la première saison du moins, est son authenticité : les personnages paraissent normaux. Nous avons essayé de suivre cette voie-là.
mathilde_prince_charmant.jpgJ. : Je tenais à raconter une histoire réaliste. En tout cas, plus proche de nous que la vie de lycéens japonais. Mathilde, c’est un peu tout le monde !

Le récit est plutôt crédible, mais c’est tout de même l’histoire d’une fille qui attend le Prince charmant…
A.C. : Oui, mais je pense que ce fantasme est finalement assez répandu. Est-il si naïf de croire encore au grand amour ? Je n’en suis pas sûr. Alors, pour mettre en scène une fille qui espère rencontrer le Prince charmant, on n’est pas obligé de se placer dans le registre du conte. Si ce qu’on montre reste proche de vrais sentiments, on peut prétendre au réalisme.

mathilde_pizza.jpgOn va donc avoir droit à des scènes de sexe !
J. : Peut-être bien… Comme nous voulions parler aussi aux adultes, nous réfléchissons effectivement à inclure des séquences de sexe. Sans pour autant trahir l’esprit général de la série.
A.C. : Pour être honnête, nous avons eu du mal à trouver comment aborder cette question. J’ai besoin de sentir que ça se justifie vraiment dans l’histoire, que ce ne soit pas un passage obligé. Et puis la question se pose de savoir ce qu’on va montrer. Mais je sais que des scènes de sexe bien utilisées amènent un peu de piquant à une intrigue… Enfin, vous verrez cela dans les prochaines tomes : je crois que nous avons trouvé le ton juste.

Mathilde est clairement une BD pour filles, comme il y en a de plus en plus. Êtes-vous conscient de suivre une tendance ?
J. : Non, ce n’est absolument pas prémédité.
mathilde_anniversaire.jpgA.C. : Nous sommes tellement concentrés sur notre travail que nous ne regardons pas trop ce qui se fait ailleurs. Mais si nous sommes dans l’air du temps, c’est probablement aussi pour une raison générationnelle : les auteurs trentenaires comme nous ont logiquement envie des mêmes choses.

Vous allez sortir un album tous les six mois. Ce rythme de travail n’est-il pas trop intense ?
J. : Non, après avoir été « enchaînée » pendant plus de trois ans sur les huit tomes de Pink Diary, dont chaque volume comptait 200 pages, c’est plutôt reposant. Sur Mathilde, j’avance rapidement et de manière très spontanée. Et même si nous mettons les planches en couleurs nous-mêmes, le travail sur cette série est beaucoup plus tranquille que sur Pink Diary.
A.C. : Je pense que la faculté de dessiner aussi vite réside dans les gènes de Jenny !

Que devient votre projet de manga de « magical girls » [filles magiques], promis depuis Pink Diary ?
J. : C’est toujours dans un coin de ma tête, mais je ne sais pas quand je m’y mettrais.
A.C. : Si Mathilde marche, cette série en huit tomes va nous occuper pendant environ trois ans. Après, nous verrons bien. Mais nous avons déjà un projet à l’esprit…

Propos recueillis par Benjamin Roure

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Mathilde #1.
Par Jenny et Alexis Coridun.
Delcourt, 9,95 €, le 23 septembre 2009.

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Images © Jenny / Delcourt
Photos © Olivier Roller

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